La première pensée qui émerge après le sommeil profond est « moi ». La deuxième pensée est « l’autre ». La pensée magique est le résultat du conflit interne entre le « moi » et « l’autre ».

L’enfant tente d’échapper à ce conflit interne et à l’insécurité qu’il ressent en créant des objets imaginaires. Ensuite, il projette ces « objets internes » sur d’autres ou sur ses jouets, leur donnant ainsi l’apparence de réalité.

Pour commencer, il est important de savoir que les adultes, hypnotisés par leur pensée magique, sont des personnes qui ont une famille, une fonction sociale, une occupation et un statut social. Dans notre société moderne, chacun peut attribuer à l’univers, à un dieu, à un saint, à une amulette, à un grigri, à un fétiche ou à un billet de loterie, la protection désirée. Mais le type de pensée magique qui nous fait utiliser ces objets ne peut pas nous nuire. Alors que dans cet article, j’explique les effets traumatiques de la pensée magique dans nos interactions humaines.

La pensée magique dans nos interactions

 

La pensée magique consiste à confondre nos « objets internes » figés depuis l’enfance dans notre psychisme, avec les « objets externes » qui sont les personnes réelles situées dans la réalité extérieure en temps présent. Nos « objets internes » sont issus d’un « paracosme ».

Le paracosme

 

En psychologie de l’enfance, le « paracosme » est un monde imaginaire régi par ses propres normes, avec sa propre religion, son dieu, ses amis imaginaires, ses archétypes masculins et féminins, ses symboles, sa famille, son langage et son histoire. L’enfant s’y réfugie pour échapper à l’instrumentalisation ou à l’abus, réel ou imaginaire, dont il est victime, et l’utilise comme un pont vers la réalité. Dans l’âge adulte, toute personne peut projeter sur les autres les « objets internes » provenant de son paracosme .
Par exemple, si vous n’avez pas franchi complètement les étapes de votre développement infantile, vous vivez en état chronique d’insécurité ontologique. [Du mot grec Ontos qui signifie Être]. Sans vous rendre compte, vous éprouvez une difficulté à gérer les frontières entre la réalité extérieure et votre psyché, qui est régie par le paracosme. En état d’anxiété ou de stress, vous régressez en âge et interprétez ce qui se passe en fonction de vos « objets internes » provenant de votre paracosme. Ensuite, inconsciemment, vous les projetez sur les autres pour vous rassurer.

Voici les cinq types de pensée magique :

 

  1. La propension à attribuer à l’autre, ou à un objet symbolique, le pouvoir de nous protéger de nos doutes, de nos peurs et insécurités : c’est le cas des personnes qui souffrent d’anxiété profonde et de dépendance affective.
  2. La propension à s’attribuer soi-même le pouvoir de changer et de transformer l’autre, pour son propre bénéfice : c’est le cas des personnes souffrant de dépendance affective ou de celles atteintes d’un trouble de la personnalité.
  3. La propension à projeter sur les autres un « objet effrayant » de son propre psychisme : c’est le cas de narcissiques paranoïaques qui font une fixation sur le danger et qui projettent sur les autres leur anxiété et leur peur terrifiante, ainsi que leur besoin de vengeance et leur rage.
  4. La propension à se culpabiliser pour ses fantasmes inconscients : c’est le cas des personnes qui souffrent de compulsions obsessionnelles.
  5. La propension à manipuler les autres ou à les dominer par ses actions, tout en se sentant la source divine de sa propre protection : c’est le cas des narcissiques omniscients, ainsi que des sociopathes et des psychopathes.

 

L’instrumentalisation des enfants par la pensée magique

 

Les parents immatures, ou atteints d’un trouble de la personnalité, transfèrent sur leur enfant un « objet » de leur propre psychisme. Leur insécurité ontologique les amène à utiliser la pensée magique n° 1, par laquelle, ils essayent de se rassurer en instrumentalisant leur propre enfant. Par leur propension à leur pensée magique n° 2, ils s’attribuer le pouvoir de transforment cet être réel en un « objet protecteur ». Cela est la conséquence de leurs distorsions cognitives, qui sont leurs interprétations erronées de la réalité. En d’autres termes, ils cherchent à conformer leur enfant à leur besoin de protection, sans se rendre compte qu’il est un individu à part entière, avec sa propre existence et son besoin fondamental d’être respecté dans ses limites, ainsi que dans ses besoins fondamentaux, ses sentiments, ses émotions, ses pulsions, ses désirs et ses espoirs.
Ce conditionnement est extrêmement pernicieux, car les parents font éclater les frontières psychoaffectives de l’enfant qui, par la suite, ne parviendra pas à se séparer psychologiquement d’eux, à s’individualiser et à évoluer vers son Autonomie psychoaffective et émotionnelle.

Exemple :

Voyons comment une « mère » a essayé de transformer son fils en un « objet » de son propre psychisme : c’était une femme atteinte du trouble de la personnalité limite de sous-type narcissique. Elle croyait avoir le don de voyance et s’était fait la réputation d’une médiumnité éclairée. Un certain nombre de personnes, en besoin de se rassurer par ses prédictions, se rassemblait autour d’elle.
L’insécurité ontologique de cette femme et son vide intérieur étaient si insupportables que, lorsqu’elle s’est trouvée enceinte, elle a fait croire à ses suiveurs que l’enfant qu’elle attendait était Jean le Baptiste. Inconsciente de son paracosme, elle a attribué à son bébé le pouvoir de protection désiré par elle et sa confrérie. Elle a instrumentalisé son enfant pour se valoriser, se rassurer et combler son vide abyssal.
L’enfant vivait dans une anxiété profonde à force de se sentir observé par sa mère, par son père et par les visiteurs. Mais il ne pouvait pas avoir idée de ce qu’ils attendaient de lui. Menés par leur propre pensée magique, ces gens attendaient de recevoir sa sagesse, car pour eux, il était « Le » guide qui allait leur permettre d’atteindre le paradis ou d’éviter l’enfer.
Devant ce scénario théâtral, complètement hypnotique, cet enfant vivait dans une terrible anxiété existentielle. Sa mère, qui reniait son être, l’obligeait à s’éloigner de sa véritable nature essentielle autant qu’animale. Grandissant dans cet environnement où personne ne respectait son être, ce petit garçon passait le temps de la récréation à faire le tour de la cour de l’école maternelle, rasant les murs, toujours dans la même direction, sans nouer des contacts avec les autres enfants.
La mère s’en est rendu compte parce que l’une des deux manches du pull, toujours la même, se retrouvait trouée. Mais, hypnotisée par peur et sa pensée magique, elle ne pouvait pas comprendre ce que son fils ressentait.
Dissocié de lui-même, il souffrait d’une extrême anxiété qui l’empêchait de s’exprimer et d’entrer en contact avec les autres. Il est devenu un narcissique occulte dont la certitude fondamentale est : « Je n’existe pas ». S’il a adopté une identité d’absence, c’est parce qu’il n’a jamais été vu tel qu’il était !
Même si cet exemple est extrême, j’ai connu tout au long de ma vie, des personnes à qui leurs parents avaient attribué les rôles suivants :

  • Le rôle de « papa » ou de « maman » de l’un des parents ou des deux.
  • Le rôle de « transformateur » de leurs échecs en succès, de leur humiliation en victoire et de leur frustration en bonheur, etc.
  • Le rôle de « compagne romantique » de papa.
  • Le rôle de « compagnon de substitution » de maman.
  • Le rôle de « sauveur » ou « d’infirmière » d’une mère dépressive et alcoolique.
  • Le rôle « d’extension identitaire » d’un parent narcissique.
  • Le rôle de « bouc émissaire » ou de porteur de leur frustration inconsciente.

Par ces rôles, les parents entraînent leurs enfants à occuper l’espace illusoire créé par leur propre psychisme. C’est ainsi qu’inconsciemment, ils obligent leurs enfants à ignorer leur nature essentielle et à adopter un « faux self » ou personnage psychique, qui se définit et interprète la réalité selon son rôle.

 

Le transfert et la projection par la pensée magique

 

Les personnes psychologiquement immatures croient que leurs fantasmes inconscients sont réels. Identifiées à leur « faux moi », elles transfèrent sur leur couple leur « objet primal ». En psychanalyse, la notion d’objet primaire se réfère à l’introjection et l’intériorisation que le bébé fait de sa maman dans son psychisme. Bien que la mère tienne un rôle majeur dans la création de cet « objet primaire », il ne s’agit pas de la personne physique, mais de la représentation inconsciente que l’enfant se fait d’elle et de leurs interactions.
L’enfant idéalise sa mère au point de la voir comme une madone divine. Mais en même temps il la craint, car en étant soumis à son éducation, et en voyant tout ce qu’elle peut faire, il se compare à elle et souvent il se sent diminué face à cette mère toute-puissante. C’est ainsi que par sa pensée magique, l’enfant clive sa mère en « bonne » et « mauvaise ».
La confusion entre « l’objet clivé » et la mère présente dans la réalité externe, est naturelle chez l’enfant dans les phases fusionnelle et égocentrique de son développement. Mais, à moins d’être instrumentalisé, en grandissant, il peut différencier le « soi » de sa mère. En tout cas, il se rend compte qu’elle est un individu distinct de lui.
Cependant, s’il est instrumentalisé et/ou maltraité, l’enfant s’accroche de façon fantasmatique à cette mère clivée et il entretient des distorsions cognitives, issues des interprétations correspondant aux premières phases de son évolution. Il devient donc un adulte psychologiquement infantile. Pour cette raison, il peut, par exemple, développer un trouble de la personnalité narcissique, limite, histrionique ou antisociale, ou une personnalité anxieuse qu’elle soit dépendante affective, obsessive compulsive ou évitante.

 

Le clivage de l’autre par la pensée magique

 

Tout le monde a tendance à se faire des représentations mentales des autres. Mais cette tendance est extrême chez les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité.
Il existe dix types de troubles de la personnalité, chacun caractérisé par des problèmes différents liés à l’image de soi et aux modes de réaction face aux autres ou à des événements stressants. Ne vivant que dans leur monde psychique, ses personnes voient les êtres qui les entourent comme s’ils étaient des symboles, des dessins animés, des automates ou des avatars.
Par leur pensée magique n° 2, ils transforment les autres en « bons » ou « mauvais », « intéressants » ou « inintéressants ». Ils ne peuvent pas interagir avec les personnes réelles présentes dans la réalité extérieure, sans faire appel à l’espace illusoire de leur propre psychisme.

 

L’idéalisation de l’autre par la pensée magique

 

Les personnes qui souffrent de dépendance affective, ont la propension à la pensée magique n° 1. Elles font le transfert et la projection de leur « objet primaire » sur leur partenaire. L’objet primaire est la représentation infantile de leur mère. Hypnotisées par la certitude de manquer d’amour, elles l’idéalisent comme elles ont idéalisé la mère qui les a instrumentalisées dans l’enfance.

Qu’est-ce que l’idéalisation ?

L’idéalisation est une « hallucination positive » ou un enjolivement de la réalité, qui inclut la régression d’âge, la naïveté, la crédulité et la permissivité. Lorsque la personne dépendante tombe amoureuse de quelqu’un, très vite elle se fait une représentation idéalisée de l’autre. Elle pense avoir trouvé son « âme sœur » provenant du même rayon de soleil, ou d’une vie passée !

Qu’est-ce que la naïveté ?

C’est la croyance que le monde est fondamentalement « bon » et que chacun possède un noyau divin. Cette croyance aveugle la personne dépendante qui devient candide, au point d’être incapable d’observer les comportements de la personne idéalisée.

Qu’est-ce que la crédulité ?

Lorsqu’une personne dépendante est naïve, elle n’observe pas, ni ne réfléchit à ce qui se passe chez l’autre et en elle-même. Elle croit tout ce que la personne idéalisée lui dit et elle devient alors permissive.

Qu’est-ce que la permissivité ?

Une fois que la personne dépendante est devenue crédule, elle peut permettre à la personne idéalisée de tout faire, y compris de la tromper, d’abuser d’elle et de ses enfants, sans poser de conditions ni de limites.

Le mimétisme et la suradaptation

L’ensemble d’idéalisation, naïveté, crédulité et permissivité, génère un extrême mimétisme de l’autre, ainsi qu’une suradaptation à ses comportements. Il s’identifie à cette personne et reproduit plus ou moins inconsciemment, les attitudes, les idées et les comportements de l’autre.
En état de régression d’âge, la personne hypnotisée par son idéalisation de l’autre, crée des interactions où ses limites psychoaffectives ne sont jamais respectées. Par les distorsions cognitives ou interprétations erronées entretenues depuis l’enfance, elle se trompe elle-même par ses rêves d’amour complètement irréalistes.
Au nom de l’amour, Elle devient la mère du partenaire ou son thérapeute. Elle se fait exploiter et devient sa servante, voire son esclave. Elle peut permettre à un ami idéalisé de coucher avec sa fille de quinze ans, alors qu’il est un homme marié ayant vingt ans de plus qu’elle. Ou encore, elle peut faire déménager toute sa famille, pour habiter plus près d’un amoureux imaginaire, comme c’est arrivé à une femme que j’ai accompagnée dans son processus de déshypnose.

Exemple :

Cette femme intelligente, qui avait une vie professionnelle épanouissante, un mari et des enfants, a entretenu pendant sept ans, une activité surprenante sur Internet. Telle une adolescente, elle se racontait qu’elle avait une liaison intense, poétique et romantique avec un chanteur qui vivait à l’autre bout du monde.
Malgré les messages qu’elle lui avait envoyés, cet artiste n’avait jamais répondu ni par e-mail, ni par Facebook, ni par aucun autre moyen. Cependant, elle recueillait certaines images qu’il postait sur Instagram, ou certaines chansons qu’il postait sur YouTube, ainsi que des messages sur Facebook, en se disant que ces messages, images, et chansons lui étaient adressés.
Elle croyait donc que leur « relation » était réelle. Sans jamais recevoir de réponse de sa part, elle a convaincu son mari de chercher un emploi dans le pays où le chanteur idéalisé vivait, et toute la famille s’y est installée. Mais puisqu’elle ne faisait que transférer sur ce chanteur idéalisé un « objet » de son propre psychisme, le « fantôme » n’a jamais répondu à sa demande.
Elle est venue me voir de loin, car elle se sentait trahie par cet homme et coupable de ce qu’elle avait fait. Elle était persuadée qu’il était un pervers narcissique qui l’avait manipulée pendant des années. Comment pouvait-il la manipuler sans n’avoir eu aucune interaction ? Comment une petite fille qui idolâtre son père, elle me montrait les mots et les images qui étaient la preuve de leur relation cachée.
Reconnaître qu’elle se racontait des histoires, mais qu’elle n’était pas mentalement perturbée, a été une démarche courageuse et de bon sens. Elle s’est sentie profondément honteuse, mais elle a finalement compris qu’elle souffrait d’un phénomène hypnotique profond, basé sur sa peur d’être abandonnée et sur sa pensée magique n° 1. Cette hypnose issue de ses distorsions cognitives, confirmait son insécurité ontologique et son désir intense d’être aimée par un être inatteignable.
Je ne vais pas raconter son histoire ici, mais je peux dire que son père était narcissique, et donc absent, mais il entretenait avec elle un inceste romantique. Sa mère était dépressive et également absente. En aimant et idéalisant un homme absent, elle intensifiait sa sensation d’abandon et transférait sur lui son père idéalisé et lointain qui entretenait avec elle une relation platonique. Ma cliente vivait dans un état d’insécurité ontologique profond. À l’issue du processus d’introspection et de déshypnose que je lui ai proposé, voici ce qu’elle m’a écrit :

« Chère Prabhã, la structure mélodramatique que tu m‘as aidée à mettre en lumière s’est effondrée d’elle-même. Le vide de tout concept et définition, a remplacé cette fausse identité. Le temps a comme disparu. Il y a des pensées au sujet du passé et du futur, mais c’est toujours « maintenant », et cela reste stable. Je ne me sens plus coupable. Je reste des heures à simplement être. Je n’éprouve pas une seule minute d’ennui même si les occupations m’appellent. Beaucoup de choses ont changé depuis notre rencontre. Il y a plus de paix et moins des « moi ». Mes pensées ne s’accrochent plus, elles glissent. Parfois, quand je me promène, il n’y a aucune pensée, c’est littéralement le « silence » qui marche. La vie se passe sans effort et sans aucune quête de réparation… ».

 

Le transfert du « bon » objet primaire par la pensée magique

 

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité narcissique créent aussi des relations romantiques dans leur tête. Si votre partenaire est narcissique, au départ, il (ou elle), fait le transfert sur vous de son « bon » objet primaire. Sa pensée magique n° 1 s’exacerbe dès le moment qu’à ses yeux vous devenez sa mère nourricière ou son père bénévole. La personne narcissique intériorise l’image qu’il se fait de vous. Cette intériorisation lui sert à soutirer son ravitaillement narcissique. Il absorbe et assimile votre voix et enregistre votre façon de parler. Puis, il se l’approprie pour en faire sa propre voix. Ensuite, il interagit avec cet « objet interne » que vous représentez : une abstraction ou un avatar. Pendant cette première phase, il vous bombarde d’amour et vous promène dans son « Pays Imaginaire ». Il vous idéalise et devient merveilleux ou merveilleuse avec vous. Complètement inconscient(e) de la confusion qu’il/elle entretient entre ses « objets internes » et la « réalité », il/elle vous invite dans son monde magique où tout devient réalité par le seul fait de le vouloir.

Le professeur Sam Vaknin, expert international du trouble de la personnalité narcissique, développe ce sujet : « Le narcissisme n’est pas seulement un trouble de la personnalité. C’est une perturbation profonde dans le processus de formation de l’identité. C’est une interruption d’un processus primordial d’évolution vers l’autonomie, dont le noyau est divin autant qu’animal. Dans le cheminement vers son évolution, l’enfant réagit à cette interruption générée par son traumatisme émotionnel, en se créant une « religion personnelle ». Une fois adulte, il partage avec vous cette religion et il vous attribue un rôle. Il construit une trinité dans laquelle Dieu le Père est son « faux self », vous êtes l’archétype de la Sainte Mère et il est « votre enfant ». Peut-être peut-il assurer un rôle paternel d’approvisionnement matériel et de protection. Mais vous, en tant que mère, devez certainement assurer l’amour inconditionnel, le support et l’acceptation totale pour l’aider à surmonter ses crises et ses défis personnels »

 

Vouloir changer l’autre par sa pensée magique

 

Le besoin de vouloir changer l’autre est habituel dans les couples. Ce besoin provient de la propension à la pensée magique n° 2, qui consiste en s’attribuer le pouvoir de changer et de transformer l’autre pour son propre bénéfice. Dans les couples narcissique/dépendant, l’insécurité ontologique est si profonde, que cette tendance s’exacerbe. Le narcissique, qui vit en état de régression d’âge, veut « métamorphoser » sa/son partenaire selon son besoin compulsif de ravitaillement narcissique. Pour cette raison, instinctivement, il utilise la stratégie d’hypnotiser sa/son partenaire.

Le professeur Sam Vaknin explique : « Il entraîne une transe en vous, en stimulant les ondes cérébrales de votre cerveau avec les siennes propres. Il induit en vous l’apparition des mêmes fréquences que les siennes, en vous submergeant dans toutes sortes de stimulations, sonores, tactiles, olfactives, ainsi que dans ses paroles, ses gestes, ses attitudes et sa façon d’exprimer les choses. Grâce à son « empathie froide », purement cognitive, il perçoit vos réponses et réagit en accord avec elles. Par ses comportements redondants et ses messages répétitifs, il vous hypnotise en produisant en vous les mêmes fréquences cérébrales que les siennes. C’est ainsi que le narcissique fait de vous son « zombie » ou son « clone », car votre cerveau devient une extension du sien. »

La personne souffrant de dépendance affective, quant à elle, vit aussi en état d’insécurité ontologique et donc de régression d’âge. Pour cette raison, elle se laisse entraîner par l’activité hypnotique de son narcissique, ainsi que par son abus générateur de nombreux effets traumatiques.
Au lieu de quitter son/sa narcissique, elle se dit que son amour pourrait le/la transformer. Cette croyance provient de la culpabilité qu’elle ressent depuis la petite enfance. L’enfant qu’elle était s’est donné pour mission de sauver, aider, changer ou transformer le parent qui l’a blessée. À l’âge adulte, elle transfère et projette cet objet interne sur son/sa narcissique. Par sa pensée magique n° 2, elle se prend pour une mère « transformatrice » ou pour le père de la « dièse narcissique ». Mais cette personne a besoin d’une thérapie efficace, autant qu’elle. L’amour d’une personne souffrant de dépendance affective, ne pourra jamais changer un narcissique.

 

Le transfert de la mère méchante par la pensée magique

 

En raison des interprétations erronées sur lui-même et sur sa mère, que l’enfant devenu narcissique a faites à la suite des événements douloureux.
Par sa pensée magique n° 2, le narcissique adulte transfère sur vous l’image de la « méchante » mère qui lui a fait du mal et projette sur vous le blâme.
Inconsciemment, il fait de vous la mère avec laquelle il a des comptes à régler. Il a donc des mémoires négatives avec « vous » qui devenez sa mère. Il vous charge des interactions inachevées, non discutées, non communiquées, non libérées de son système. Il projette sur vous sa rage de sa blessure archaïque et vous punit de plusieurs manières. Il réalise ainsi son « fantasme partagé » vindicatif. Ce faisant, il réactive les traumatismes non résolus issus de son enfance, ainsi que les vôtres. Vous pouvez regardez cette vidéo qui parle du sujet : https://watch.nuro.video/00c6acbb/a41b8ea2/module.html 

Sam Vaknin affirme : « Il interagit exclusivement avec la mère, le père, l’avatar ou l’icône, que vous représentez dans son processus mental. Toutes ses conversations, ses arguments, ses désagréments, ses rêves, ainsi que son besoin de dépendance et ses émotions, se passent entre lui et sa représentation de vous ».

 

Le contrôle de la famille par la pensée magique

 

De nombreuses gens, atteintes d’un trouble de la personnalité, projettent sur les autres leurs objets internes terrifiants et mauvais. Bien qu’ils semblent être des adultes établis dans la réalité de la vie, ils utilisent leur famille pour donner une apparence de réalité à leurs fantasmes inconscients cauchemardesques.
Par exemple, les narcissiques paranoïaques, qui ont une insécurité ontologique terrifiante, ont la prédisposition à la pensée magique no 3. Comme leurs objets internes sont « mauvais », ils se raccrochent à des idées philosophiques, mystiques, spirituelles ou ésotériques, pour créer de « bons » objets protecteurs.
S’appuyant sur ces idées, qui confirment leurs distorsions cognitives déjà existantes, ils deviennent le « gourou » de leur famille. Ils isolent leur conjoint et leurs enfants. Ils les coupent du monde extérieur afin de les protéger des menaces imminentes, des intentions hostiles et de ce qu’ils pourraient faire ou dire. Ils créent ainsi un culte où ils déterminent les droits et les obligations de leurs tous.
En projetant sur eux leurs objets mentaux terrifiants, ils contrôlent leur famille par l’ambiguïté, l’imprévisibilité, l’imprécision et l’abus ambiant. Leurs caprices, toujours changeants, définissent le « bien » et le « mal », le souhaitable et l’indésirable, ce qui doit être poursuivi et ce qui doit être évité.
Comme dans le mythe du vampirisme, ce type de parent fait de son enfant son « extension identitaire » et/ou le conditionne à ne rien ressentir : ni le bonheur de son individualité unique, ni sa capacité à agir sans lui. L’ensemble des comportements est profondément hypnotique.
Captivé et hypnotisé par son parent narcissique, l’enfant croit que la seule façon d’exister est d’idéaliser, déifier, respecter et aimer son agresseur. Vivant dans la crainte, il se sent malheureux et fautif. Il ne peut certainement pas développer son autonomie, ni de limites psychoaffectives claires, pas plus qu’un narcissisme sain. Façonné par cet engloutissement, dans sa vie adulte, il ne pourra sentir sa complétude dans aucune relation significative.
Si cette personne devient dépendante affective, elle reprendra son rôle « d’extension identitaire » avec son/sa partenaire. Elle sera incapable de fixer des limites, ou d’écouter ses besoins fondamentaux, parce qu’elle ne s’aime pas, ni ne se respecte. Ou alors, elle deviendra narcissique. Mais les narcissiques ne s’aiment pas non plus. Ils n’aiment que leur image vide.

 

Les troubles obsessionnels générés par la pensée magique

 

L’insécurité ontologique génère des troubles obsessionnels. La personne obsédée, qui est hypnotisée par la pensée magique no 4, qui est la propension à se culpabiliser pour ses fantasmes inconscients,  s’adonne à des rituels de purification ou à des rituels conjuratoires, qui confirment son doute d’être, sa honte toxique et sa culpabilité. Cette personne a un besoin compulsif de se purifier ou de transformer sa vie par un certain cérémoniel. Par exemple, elle vérifie que chaque objet se trouve à sa place immuable et précise. Ou bien, elle vérifie que ses mains soient propres et elle les lave 20 fois par jour.
Ces rituels, ont leur origine dans la répression de la pulsion sexuelle, produite par la croyance « toute-puissante », que le « mal » émerge du désir sexuel. Cette croyance est à tel point hypnotique, anxiogène et obsessionnelle, qu’elle peut générer un TOC : Trouble Obsessionnel Compulsif. L’une des croyances est que si elle à une pensée mauvaise, cela se matérialise. Ces obsessions incontrôlables reposent sur la survie du « moi » infantile. Elles visent à rechercher la protection contre le malheur, ou contre la « tentation ».
Ainsi, j’ai connu un homme dont l’insécurité ontologique était si profonde, qu’il croyait que son urine était une « souillure morale », tellement exécrable, qu’une seule goutte pouvait contaminer l’océan entier ou laisser des traces par tout dans la maison. Il passait une heure entière dans les toilettes à chaque fois qu’il urinait, car il devait s’assurer qu’aucune goutte n’avait touché le sol.
Son TOC, basé sur sa culpabilité et sur un fantasme mégalomaniaque, provenait de sa terreur de souiller sa mère avec le désir qu’il aurait pu ressentir pour elle. Par son ego accablé, coupable et honteux, cet homme idéalisait sa mère au point d’en faire une Madone divine. Comparé à elle, il n’était qu’une merde qui devait se punir pour toujours, et donc punir sa femme qui devait endurer ce calvaire.

 

La peur de l’inceste générée par la pensée magique

 

Une autre névrose, non moins obsessionnelle, est la peur du désir sexuel et de l’inceste. Ainsi, un homme dans sa quarantaine, que je vais appeler Ethan, devait garder un contrôle total sur ses pulsions. Il a demandé mon accompagnement parce qu’il ressentait une anxiété extrême, qui le produisait des douleurs constantes dans le ventre. Lors de la première séance, Ethan n’a pas parlé du fait qu’il n’avait jamais eu de petit(e) ami(e). Grâce à mes questions judicieuses, j’ai commencé à comprendre ce qui lui arrivait.
Il n’avait aucun pouvoir émotionnel pour ressentir ce qu’il est naturel de ressentir. Il ne pouvait pas se masturber sans se sentir coupable. Dans ses fantasmes, il devait se transformer en quelqu’un d’autre pour oser le faire. Hypnotisé par sa pensée magique no 4, il se sentait coupable de ses pulsions. Il semblait castré par les idées de « bien » et de « mal » provenant de sa famille religieuse. Il ne pouvait donc pas s’approcher des femmes de façon adulte, ni pouvait non plus avoir une compagne.
Il se comportait davantage comme un enfant parce que son « surmoi », issu des idées religieuses du grand-père paternel, bloquait sa pulsion sexuelle. Identifié à cet « objet interne » qui était sa religion, il ne pouvait se permettre que de temps à autre, une sortie au bordel avec son meilleur ami. Il se protégeait de sa culpabilité en utilisant imaginairement son déguisement. Même s’il passait de bons moments avec son ami, dès que l’effet de l’alcool diminuait, il se sentait extrêmement anxieux, coupable et honteux de son désir sexuel et de ses pulsions.
En fait, il avait une peur terrifiante de désirer sa mère. Cette dernière souffrait d’un trouble de stress post-traumatique. Complètement immature, cette mère hyper anxieuse, avait fait d’Ethan son sauveur et son papa. Par cette instrumentalisation inconsciente, elle ne lui a pas permis de se séparer psychologiquement d’elle, ni de s’individualiser, ni d’atteindre son Autonomie psychoaffective.
Au cours de son processus d’introspection, il a investigué ce qui s’était passé. Son grand-père paternel, était un grand patriarche considéré par toute la famille comme un saint. Grâce à la fuite et au mariage de son père, Ethan est venu au monde. Mais il était le seul à porter le nom du grand-père, car aucun oncle ou tante n’avait des enfants. Ainsi, sa terrible peur de l’inceste, était confirmée par les idées de « bien » et de « mal » venant de ce saint, qui était devenu son « surmoi ». Surmoi qui générait la peur, la honte toxique et a culpabilité qu’il ressentait. L’ensemble de ces interprétations constituait sa distorsion cognitive.
Un jour, Ethan a compris que c’était son grand-père qui l’avait transmis sa double « moralité ». Pour ce dernier, les femmes n’étaient que des « putes » ou des « saintes intouchables ». Mais il les avait toutes touchées ! Il se promenait de bordel en bordel lors de ses déplacements d’affaires, tandis que ses enfants, à l’exception de son père, sont tous devenus moines ou nonnes par soumission à lui !
Grâce à son processus de déshypnose, Ethan est devenu plus confiant et affirmé. Sa respiration s’est ouverte et son anxiété chronique a remarquablement diminué. Même le ton de sa voix a changé pour devenir plus masculine. Finalement, il a remarqué la femme avec laquelle il est en couple depuis des années.

 

La quête spirituelle basée sur la pensée magique

 

À l’aide d’une philosophie de déconstruction postmoderne, comme d’une spiritualité basée sur la philosophie non duelle, nous pouvons trouver la Vérité, si nous sommes guidés par une remise en question précise de nos jeux de langage et par la vérification de la fausseté de nos croyances et mécanismes infantiles.
Cependant, si les membres d’une religion ou d’un groupe spirituel, ne remettent pas en question leurs croyances hypnotiques ni leurs distorsions cognitives, ils manipulent les autres par la propension à les dominer et contrôler par la pensée magique n° 5, en se sentant la source divine de leur « protection ».
C’était le cas du révérend américain Jim Jones, qui a hypnotisé les membres de sa secte par sa vision d’un monde utopique. À la fin, il est devenu paranoïaque et il a conduit 900 adeptes à commettre un suicide collectif en Guyane.
Moins grave que cet exemple est le cas des narcissiques qui se considèrent omniscients. Ainsi, les narcissiques cérébraux, qui cachent bien leur profonde insécurité ontologique, produisent des discours philosophiques ou spirituels complètement délirants, qui « sonnent bien » ou qui semblent de bon sens.
Par exemple, si l’un d’eux affirme que son être imprègne le tout, qu’il est à l’intérieur de tout et que les autres sont à l’intérieur de lui, peut-être que cette vision peut s’appliquer à la conscience d’Être. Mais elle est complètement fausse, lorsqu’il confond « Être » avec son « moi » mégalomaniaque.
Si un(e) narcissique omniscient(e) joue le rôle de guide ou d’éveilleur, c’est qu’il cherche à susciter le désir de ses adeptes et à attirer leur attention, afin de soigner son insuffisance ontologique et d’obtenir la provision narcissique dont il a besoin pour exister. Ce type de guides spirituels, maintiennent leurs disciples dans leurs fixations infantiles. Ce qu’ils disent est complètement trompeur.
Certains utilisent leur influence hypnotique pour coucher avec leurs suiveuses. Ne parlons pas du type des thérapeutes appelés « the-rapist », qui ne respectent personne. Ce ne sont que des prédateurs.
Si vous racontez votre histoire de vie à votre guide narcissique, il pourrait vous dire : « C’est une histoire qui n’est pas ton histoire ». Par la prétendue profondeur de sa réponse, il invalide vos émotions et confirme son sentiment d’importance en croyant qu’il vous aide à y voir clair.
D’autres encore, utilisent leur philosophie pour punir leur partenaire en confirmant leurs propres distorsions cognitives. Si l’un d’entre eux blesse sa partenaire et que le lendemain, elle lui rappelle ce qu’il a fait, il peut dire : « Nous sommes ici et maintenant. Hier est déjà passé ». En utilisant la célèbre phrase d’Eckhart Tolle, il se déresponsabilise de ses actes et invalide le besoin de communication de sa partenaire, ainsi que ses sentiments et ses émotions. Il projette sur l’autre sa rage passive, tout en restant calme.

 

La propension des sociopathes à la pensée magique

 

L’insécurité ontologique des sociopathes est si profonde, qu’ils essayent de combler leur vide abyssal par leur mégalomanie et l’abus social. Ils mettent à profit leur mégalomanie pour atteindre leurs objectifs, et ensuite, ils mettent leurs objectifs en valeur, pour renforcer leur mégalomanie. C’est un cercle vicieux, car d’une part, ils entretiennent leur délire grandiose, et d’autre part, leurs objectifs alimentent ce délire grandiose. Ils apprennent à se promouvoir au détriment des autres et à placer leurs objectifs au-dessus d’eux sans aucun regret. Ils rejettent les valeurs morales et les règles sociales, piétinent tout le monde et se servent de l’empathie cognitive pour mieux manipuler et contrôler le monde, car leur avidité est insatiable. Cela génère donc un profil de sociopathes qui exploitent, abusent et détruire les autres par leurs propres distorsions cognitives.
Par exemple, les sociopathes produisent des hypnoses mondiales extrêmement nocives. Par leur propension à la pensée magique nos 2 et 5, ils manipulent les autres à leur guise, au détriment de leur équilibre mental ou de leur santé physique. C’est le cas du « Big Pharma ».
C’est aussi le cas de chefs d’État sociopathes, qui produisent une hypnose collective par la crainte, tout en possédant et détruisant les autres. Mais comme je ne vais parler ici de politique, regardons l’hypnose collective produite par les cybernéticiens hypnotisés par leur pensée magique nos 2 et 5 : Ils créent des programmes, des jeux virtuels et des réseaux sociaux, visant à créer des dépendances hypnotiques chez les jeunes, générant chez eux de graves dépressions et des incapacités handicapantes.

Ces programmeurs, connaissent les statistiques sur les effets délétères de leurs produits sur les jeunes. Ils pourraient donc modifier leurs logiciels. Mais ils s’en gardent bien, car ils courent après le prestige et le pouvoir économique. Ils sont plus intéressés par leur propre cupidité que par l’équilibre psychologique des autres. Ils se servent donc des autres pour assouvir leurs rêves.
Vivant en état de régression d’âge, les jeunes hypnotisés par la pensée magique nos 1 et 2, tombent dans ce piège. Comment ils confondent « l’imaginaire » avec le « réel », ils cherchent de stimuli, de plaisir et de la satisfaction rapide, en évitant de se confronter aux défis que la vie leur présente.
Nombreux sont ceux qui fument de la marihuana devant des films pornographiques et qui cachent ainsi leur insatisfaction chronique. En créant le fantasme d’un « tout va bien » cosmique, ils vivent dans un monde mental, dans lequel il n’y a rien d’obligatoire. Ils évitent les efforts, les contraintes, la rigueur, la discipline et l’engagement. Pour eux, il suffit d’imaginer et de jouir de ce monde virtuel tout de suite et pour toujours. Ces interprétations constituent leur distorsion cognitive. C’est ainsi qu’ils répriment leur anxiété chronique sous une apparence de « baba cool », car ils ont peur de se trouver face à leur vide abyssal. Ils confirment donc leur vide en s’accrochant aux programmes hypnotiques proposés par les cybernéticiens.

 

Défenses autoplastiques, culpabilité et pensée magique

 

Les défenses autoplastiques sont des réactions adaptatives, basées sur la croyance que vous êtes fautif ou coupable de ce qui arrive :

  • Vous vous blâmez pour les choix que vous avez faits dans vos interactions.
  • Vous vous reprochez les conséquences de vos décisions.
  • Vous vous reprochez les choix que l’autre fait dans vos interactions.
  • Vous vous blâmez pour des événements indépendants de votre volonté.

Par exemple, j’ai connu une personne qui, ayant vécu dans un environnement familial très dysfonctionnel, se blâmait pour avoir échoué à sortir sa mère de l’alcoolisme. Une autre se reprochait le décès de son frère. Une autre encore, se blâmait pour avoir pris la décision de quitter un narcissique vraiment pervers et pour le fait que ses enfants avaient cessé de lui rendre visite. Un autre se sentait responsable d’un tremblement de terre car, de son point de vue, si son énergie avait été harmonisée, le tremblement de terre n’aurait pas pu se produire. Toutes ses interprétations, sont des distorsions cognitives.
Ce type de défense autoplastique provient de la pensée magique no 1, avec la variante du « devoir ». Ces personnes croient que le monde est fondamentalement « bon » et qu’elles « doivent » avoir une influence positive sur les autres. Par la croyance que les gens sont bons et qu’il existe une forme de justice, elles évitent de se sentir victimes. Cette interprétation est leur distorsion cognitive qu’elles prennent pour la réalité. Par cette distorsion cognitive, elles font trop de confiance aux autres. Par conséquent, elles se blessent elles-mêmes, car tôt ou tard elles se sentent trahies par les êtres aimés. À ce moment-là, elles sont secouées par leur distorsion cognitive provenant de leur pensée magique. Plus la contradiction entre se qu’elles « croient » et la « réalité » est importante, plus leur anxiété est intense. Ce conflit intérieur les déstabilise et les déchire.

 

Défenses alloplastiques, blâme et pensée magique

 

Les défenses alloplastiques sont des réactions adaptatives opposées. Si dans l’enfance vous avez développé ce type des défenses, vous blâmez les autres pour les conséquences prévisibles de vos propres comportements, actions, choix et décisions :

  • Vous croyez que vous n’êtes pas responsable de vos choix, ni coupable de ce que vous faites aux autres et de leurs réactions.
  • Vous n’avez jamais honte de ce que vous faites à autrui.
  • Vous ne vous excusez jamais parce que vous pensez avoir toujours raison. L’autre personne est à blâmer : c’est elle qui a provoqué vos réactions.
  • Vous blâmez les autres, votre couple, vos parents, Dieu ou l’univers, mais vous ne regardez pas ce que vous faites.

Les défenses alloplastiques sont caractéristiques des personnes atteintes des troubles de la personnalité narcissique et limite, ainsi que des personnes antisociales, sociopathes et psychopathes.
Ces personnes vous disent par exemple : « C’est de ta faute, tu m’as fait réagir ainsi, tu aurais dû être plus prudent, etc. » Ou bien : « Ils auraient dû mieux regarder ce que je leur proposais ! »
Ces interprétations sont les distorsions cognitives des personnes qui vivant en état de régression d’âge, utilisent la pensée magique n° 3.
Par leurs distorsions cognitives, ces personnes font le transfert et la projection de leurs « objets internes » sur les autres. C’est ainsi qu’elles se sentent libres de toute culpabilité. Elles ne voient même pas le moindre pourcentage de responsabilité dans la dynamique dysfonctionnelle qu’elles établissent avec autrui.

 

Défenses combinées

 

Il y a des cas où les distorsions cognitives produisent une combinaison de deux types de défense : autoplastique et alloplastique. Les distorsions cognitives sont des interprétations erronées de la réalité basées sur la pensée magique n° 1 et n° 3.
Le message sous-jacent d’une personne qui a des distorsions cognitives et qui présente une combinaison de défenses, est le suivant : « Je suis une bonne personne. Si je te blesse, c’est parce que j’ai un problème psychologique et que je ne peux pas m’en empêcher. Excusez-moi ! »

  • La distorsion cognitive se trouve dans le fait qu’elle blâme son problème.

Ainsi, de nombreuses personnes souffrant de dépression, de troubles du caractère, de névroses et de diverses psychopathies, présentent une combinaison de blâme et de culpabilité. Elles pensent que si elles font une erreur, ou si elles vous blessent, c’est parce qu’elles sont victimes de leur faiblesse, de leur psychopathie, de leurs problèmes psychologiques, etc.
Par exemple, si vous vous mettez en colère contre une personne atteinte d’un trouble déficitaire de l’attention (TDH), parce qu’elle a fait rétrécir votre pull préféré dans le sèche-linge, elle peut vous reprocher votre ingratitude car vous savez qu’à cause de sa pathologie, elle a fait cela sans le vouloir. Elle voulait vous plaire.
Par leur défense autoplastique ces personnes se disent : « C’est moi qui l’ai fait, c’est de ma faute » ; et par leur défense alloplastique elles se justifient : « Je suis malade, c’est plus fort que moi, ce n’est pas de ma faute ». Dans ce cas, elles blâment leur maladie. Elles regardent leur problème comme une entité qui les pousse à agir contre leur volonté. Croyant que leur psychopathie ne leur appartient pas, elles se disent : « C’est ma psychopathie, ou ma névrose, ma dépendance aux drogues ou ma dépression qui me fait agir ainsi ». De cette manière, en blâmant leur problème mental, elles se déresponsabilisent. Leur problème devient l’objet ou « démon » à blâmer.

 

Conclusion

 

Comme vous voyez, la pensée magique est hautement hypnotique. Elle est entretenue par les interprétations et distorsions cognitives, sur soi et sur le monde, provenant des autres. Quand nous agissons sous l’influence des croyances émanant d’autrui, nous sommes conditionnés, mystifiés, hypnotisés et endormis.
Ne sachant pas comment remettre en question notre dynamique interne, nous l’entretenons. Et quand nous entretenons notre dynamique interne, nous confirmons nos distorsions cognitives, ainsi que la pensée magique. C’est un cercle vicieux.

Si nous voulons cesser de souffrir et de faire souffrir, nous devons nous réveiller de notre hypnose identitaire. Vous pouvez lire mon article sur l’hypnose identitaire et la déshypnose.

Se réveiller de l’hypnose identitaire implique d’avoir une compréhension globale de sa vie, ainsi que de reconnaître la dynamique interne de notre personnage habituel. Il est fondamental de démanteler tous les mécanismes hypnotiques et les croyances qui empoisonnent et limitent notre vie.

Tout comme l’homme qui creuse un puits se débarrasse de la terre pour trouver de l’eau, il est essentiel de ressentir notre soif de vérité et de nous débarrasser de tout ce qui ne pourra jamais l’étancher. Débarrassons-nous de tout ce que nous ne sommes pas.