Imaginez une prison sans murs, une cage invisible où chaque sourire cache une intention, et où le silence comme l’absence de communication, deviennent des armes de destruction psychique. Vivre avec un narcissique caché, passif-agressif, c’est cela : une relation qui ne semble pas toxique au premier regard, mais dans laquelle on finit par s’épuiser, et finalement, s’éteindre.
Ce type de personnage avance masqué. Il se montre humble, bienveillant, parfois même touchant. Mais derrière cette façade, une autre réalité se cache : celle d’un prédateur subtil, qui rabaisse sans hausser le ton, isole sans interdire, et fait passer ses besoins et son contrôle de vous avant votre équilibre. Ses attaques sont rarement frontales : elles sont feutrées, déguisées, presque invisibles. Et pourtant, elles laissent des traces bien réelles – dans le psychisme, dans le cœur, et dans l’énergie vitale de sa victime qui s’épuise lentement.
Quand le narcissique caché utilise la passivité agressive comme compensation de sa psychopathie, il paraît plus stable qu’un narcissique timide. Moins fragile en apparence. Cette posture lui permet de continuer à fonctionner socialement, tout en projetant sur les autres sa propre rage narcissique jamais exprimée, ses blessures et insuffisances. Ce qu’il n’a pas pu dire à un parent abusif ou absent, il le fait payer aux autres : à travers des comportements indirects, blessants, mais difficiles à prouver.
Dans cet article, vous plongerez au cœur des connaissances remarquables du Professeur Sam Vaknin, psychologue clinicien et spécialiste mondialement reconnu pour ses recherches approfondies sur le Trouble de la Personnalité Narcissique (TPN). Depuis plus de trente cinq ans, il éclaire les mécanismes du narcissisme pathologique et a forgé des concepts qui permettent de mieux le comprendre.
Pour des raisons de simplicité rédactionnelle, le masculin est utilisé dans cet article ; toutefois, il est essentiel de rappeler que les femmes représentent environ la moitié des personnes présentant du narcissisme pathologique.
Comment le reconnaître ?
Le narcissique caché passif-agressif n’est pas facile à identifier. À première vue, il paraît discret, intéressant, cultivé – parfois même admirable. Il affiche une modestie tranquille, une certaine humilité, et se montre souvent serviable. Tout en lui, inspire l’image d’une personne distinguée, digne, posée, presque rassurante. Mais derrière cette façade se cache une autre réalité.
Ses rêves de reconnaissance, de réussite, d’admiration ou de pouvoir restent, le plus souvent, hors de portée. Cet écart entre ce qu’il espère et la pauvre provision narcissique qu’il obtient engendre une frustration profonde, persistante. Avec le temps, cette frustration se mue en colère – et en une envie corrosive bien occultée.
Chez lui, la colère ne s’exprime jamais de façon ouverte. Elle est contenue, enfouie. Il refoule ses émotions négatives sans même en avoir conscience. Mais elles ne disparaissent pas pour autant. Elles fermentent en lui : frustration, rage, anxiété… Et plutôt que de les affronter, il les projette sur les autres. Cela prend la forme d’un mutisme pesant, d’un mépris voilé, ou d’un retrait soudain et glacial. Ce sont ces comportements passifs-agressifs qui deviennent les véritables signaux de son mal-être – et de son fonctionnement toxique.
Sa tendance à l’isolement
Chez le narcissique caché passif-agressif, l’isolement n’est pas un simple retrait ni un besoin de solitude. C’est une manière détournée de projeter sur les autres ce qu’il ne peut tolérer en lui-même. Ce repli traduit une forme de paranoïa : une méfiance profonde envers le monde, une peur diffuse d’être jugé, trahi, humilié ou démasqué. Soupçons d’intentions cachées, scepticisme, hypervigilance et catastrophisme colorent ses idéations.
Cette tendance se manifeste par une mise à distance subtile, mais constante. Il s’isole dans un monde où règnent la contradiction et la dissonance, où les proches deviennent des sources constantes de déception ou d’une hostilité non exprimée. Ce retrait s’accompagne souvent de mépris, d’un désintérêt feutré pour les relations humaines, et d’un enthousiasme éteint pour tout ce qui touche à la vie commune.
S’y ajoute une arrogance discrète – un sentiment de supériorité qu’il n’exprime pas directement, mais qui transparaît dans sa posture corporelle, ses silences, ses regards, ses jugements implicites. Paradoxalement, il se place aussi dans une position de victime. Il se sent incompris, mal aimé, négligé – et cette posture lui donne, à ses yeux, tous les droits sur ceux qui l’entourent, surtout vous, sa partenaire intime. C’est une forme d’autovictimisation stratégique, qui justifie son comportement et le rend intouchable.
Malgré cela, il tient à préserver une image socialement acceptable. Il soigne son apparence, cultive une façade de modestie ou d’intégrité irréprochable. Ce masque l’aide à éviter les critiques, à se protéger de l’humiliation, et à conserver une certaine idée grandiose de lui-même, toujours soigneusement cachée.
Son sabotage sur le lieu de travail
Lorsqu’un narcissique caché passif-agressif évolue dans un environnement professionnel – que ce soit comme collègue, partenaire ou associé – son agressivité ne se manifeste pas de manière frontale. Elle s’exprime plutôt à travers des comportements ambigus, difficilement condamnables au début, mais profondément déstabilisants sur la durée.
Il peut feindre l’engagement et montrer une participation de surface, tout en sabotant le bon déroulement des tâches. Il refuse les suggestions, adopte une posture de supériorité teintée d’ironie, oscille entre nonchalance et rigidité, se montre peu motivé, souvent négligent, et laisse traîner les choses sous prétexte de réflexion ou de surcharge. Par son absentéisme, son absence émotionnelle, et ses promesses rarement tenues, il s’emploie à ralentir le rythme du travail – souvent même le vôtre. Vous le surprendrez distrait, l’esprit ailleurs, l’œil perdu devant un écran, occupé à rêver plus qu’à produire ou à créer.
Ces attitudes ne sont pas anodines. Elles sont le fruit d’un conflit intérieur très ancien. S’il a grandi sous l’autorité d’un parent dominateur, qui lui a imposé des responsabilités écrasantes, il développera, une fois adulte, une résistance quasi systématique à toute forme d’autorité. Chaque demande, chaque consigne est perçue comme une atteinte à sa liberté, comme une injustice. Il se positionne alors en victime d’un système qu’il juge corrompu, incompétent, oppressant ou compétitif ou de vous, à qui il voit comme l’autorité.
Et puisqu’il se sent lésé, défavorisé et amoindrit dans sa confiance en soi, il se donne le droit de rejeter la faute sur les autres – en particulier ceux qu’il considère comme des figures d’autorité. Lorsqu’il fixe des limites, ce n’est pas pour préserver un cadre sain, mais pour affirmer un pouvoir. Il confond la notion de limites avec celle d’opposition, et utilise cette confusion comme une arme pour éviter la collaboration ou la remise en question.
Sa difficulté à apprendre de nouvelles compétences s’ajoute à la confusion qu’il génère.
Il oublie les détails, survole les sujets ou les projets communs, et se contente d’une compréhension superficielle. Ce manque de profondeur alimente encore son inefficacité.
À long terme, ses comportements créent un climat délétère, où la méfiance, l’usure et la stagnation finissent par miner l’énergie de tout un bureau, un atelier ou un partenariat.
Les défenses alloplastiques du narcissique caché
Pour se protéger des blessures infligées durant l’enfance, notamment par un parent abusif ou instable, le narcissique caché a développé des défenses adaptatives alloplastiques. En raison de ces défenses, il rejette systématiquement la responsabilité de son mal-être sur les autres, sur le contexte ou la société. Sa propre souffrance, sa frustration, sa colère ne sont jamais, à ses yeux, le reflet d’un trouble intérieur, mais toujours la conséquence d’un facteur externe.
Incapable de reconnaître la moindre part de responsabilité dans les tensions qu’il provoque, il rejette catégoriquement toute critique, tout en jugeant, lui, les autres. La confrontation lui est insupportable. Il ne s’excuse jamais, même lorsqu’il sait, au fond, qu’il a blessé ou franchi une limite. Reconnaître ses torts – ne serait-ce que cinq pour cent – reviendrait, pour lui, à risquer la perte de contrôle de son image.
Alors il blâme de façon détournée. Il retourne les faits, manipule les récits, déplace la faute. Ce rejet systématique de toute culpabilité est l’un de ses traits les plus marquants. Il lui permet non seulement de se préserver psychologiquement, mais aussi de maintenir sa domination et son contrôle sur les autres, créant ainsi un climat de confusion et de doute.
Et si vous avez le courage de le confronter – si vous mettez des mots sur ce qu’il s’efforce de masquer, vous vous exposez à des représailles. Car derrière cette façade de calme ou d’indifférence se cache une réactivité violente passive, prête à surgir dès que son auto-idéalisation et ses défenses narcissiques sont menacées.
Que se passe-t-il dans sa vie relationnelle ?
La vie relationnelle du narcissique caché passif-agressif est souvent pauvre, fragmentée, ou marquée par des tensions répétées. Il est incapable de construire des liens profonds et authentiques. Il n’a pas d’amis.
Son besoin compulsif de contrôle, qui s’exerce même dans les moments les plus intimes, l’empêche de s’engager pleinement. Il ne se relie pas vraiment à l’autre, mais cherche plutôt à maintenir une forme de pouvoir sur la relation, en transformant l’autre en un objet interne manipulable, malléable comme une pâte à modeler.
Dans l’intimité, il rejoue ses blessures d’enfance, souvent sans en avoir conscience. Ses traumatismes deviennent des schémas qu’il impose à ses partenaires, reproduisant ainsi des dynamiques de domination, de retrait affectif ou de manipulation. Ces relations sont marquées par l’incompréhension, le déséquilibre et, bien souvent, par la rupture.
Si vous l’interrogez sur ses relations passées, il vous parlera de ses ex-compagnes comme de personnes problématiques, instables, toxiques – jamais comme de partenaires avec lesquelles il aurait partagé une responsabilité dans l’échec de la relation. Il se présentera toujours comme la victime trop généreuse et tolérante, mais incomprise et trahie.
Bien sûr, il passera sous silence son propre rôle : son contrôle destructeur, son indifférence glaciale, sa négligence, son traitement silencieux ou les droits qu’il s’est arrogé dans la relation.
Certain, ce qu’il a pu faire subir à d’autres pourrait bien, à terme, devenir votre propre destin. Sans connaissance préalable de son fonctionnement, il peut être difficile de percevoir certains signes : l’absence d’amis proches, l’isolement justifié par une prétendue autosuffisance, ou encore son regard distant et méprisant sur le monde. Il donne l’impression de ne pas avoir besoin des autres, mais derrière cette façade se cache une forme de paranoïa sociale – une peur déguisée en indifférence, ainsi qu’un besoin profond de fusion infantile.
Observez-le attentivement
Certaines impressions ne trompent pas. Ressentez-vous une forme de gêne, une sensation d’étrangeté en sa présence difficile à nommer ? Regardez comment il se comporte avec ses enfants. Est-il capable de véritable tendresse, d’affection et d’attention sincère ? Traite-t-il les autres – y compris vous – comme des égaux ? Ou bien, se montre-t-il hautain, arrogant et supérieur ? Et dans les situations ordinaires, comme aller au marché ou rendre visite à des proches, vous sentez-vous pleinement à l’aise à ses côtés ? Ou bien y a-t-il toujours un malaise, une sorte d’étrangeté, une tension qui plane, même dans les gestes du quotidien ?
Ces questions sont essentielles, car chez le narcissique passif-agressif, la colère ne se manifeste pas par des cris ou des éclats, mais par l’évitement affectif. Il exprime son hostilité de manière détournée : par la distance, l’indifférence, le mutisme, l’absence, des remarques cyniques ou méprisantes, un scepticisme froid, une impatience latente. Tout chez lui semble conçu pour tenir l’autre à distance, sans jamais rompre ouvertement le lien.
Ce comportement découle d’un manque d’émotions positives authentiques. La sensibilité, la compassion, l’empathie – ces qualités qui permettent une véritable communion – sont étouffées chez lui par une émotivité négative qu’il dissimule derrière une façade hautaine. Sa tristesse, sa colère et son ressentiment forment un noyau émotionnel figé, qui empêche toute intimité réelle. Le narcissique caché est un enfant sans cœur.
Et puisque sa pathologie se manifeste principalement dans la relation à l’autre, c’est l’intimité qui en souffre le plus. Ses partenaires, au fil du temps, vivent une érosion silencieuse mais profonde. Leur confiance en eux s’effrite. Leur estime de soi se fragilise. Leur perception de la réalité devient floue, altérée par les doubles messages, les non-dits, et la dissonance émotionnelle qu’il installe autour de lui. C’est un lent processus de démolition psycho-émotionnelle, difficile à détecter au début, mais dont les effets sont durables.
Pour renforcer cette posture, il peut s’accrocher à une idéologie, qu’elle soit politique, religieuse, philosophique ou spirituelle. Il y trouve des arguments pour justifier ses jugements, ses critiques, ses exclusions, et son mépris des autres.
Le sadomasochisme du narcissique caché passif-agressif
Lorsque votre partenaire intime est un narcissique caché passif-agressif, une chose devient vite évidente : il exprime sa colère sans éclats et sans aucune empathie. Son agressivité, en apparence endormie, est en réalité sadique. Et comme chez les narcissiques manifestes, cette colère prend souvent une forme sadomasochiste. Chez lui, l’amour est indissociable de la douleur, de la blessure, de l’humiliation. Il ne sait aimer qu’en reproduisant la maltraitance.
Derrière ce comportement se cachent deux croyances profondément enracinées, forgées dans l’enfance :
- Si ma mère (ou mon père) m’aime, alors elle me fait souffrir, me maltraite, me rejette, parce que je ne suis pas assez bien. Je suis la cause de son hostilité ou ses punitions.
- Je suis un « mauvais objet ». Je mérite donc la douleur, l’humiliation, la trahison.
Dans son récit interne, il n’est pas seulement victime. Il devient aussi un prédateur émotionnel. Il vous fait souffrir, lentement, sadiquement, comme pour maintenir son contrôle et valider ses croyances. Et en infligeant cette douleur, il provoque vos réactions négatives. Il les provoque donc par son sadomasochisme.
C’est alors qu’il se positionne en martyr, incompris, mal-aimé, maltraité par ceux qu’il dît aimer, mais qu’il tente en réalité de contrôler, de dominer. C’est cette confusion – entre amour et maltraitance, entre douleur et attachement – qui fait du lien avec un narcissique passif-agressif une expérience aussi éprouvante que difficile à décrire.
Ces croyances forment la base de son système relationnel. Ainsi, à travers son agressivité passive – silences pesants, distance affective, absence, négligence et dédain – il cherche inconsciemment à recréer cette dynamique. Il vous pousse à bout, jusqu’à ce que vous envisagiez de l’abandonner ou de le trahir, comme un écho de ce qu’il a lui-même vécu. Et lorsqu’il sent ce rejet approcher, il évite de confronter son sentiment profond d’être indigne d’amour, en affichant une posture détachée – digne, tolérante, aimable, satisfaite…
Sa provision narcissique sadique
La provision narcissique, c’est cette nourriture invisible mais essentielle dont le narcissique pathologique dépend pour maintenir un équilibre intérieur et sa sensation d’exister. Incapable de s’autoréguler émotionnellement, il cherche en permanence des sources extérieures pour soutenir son faux self, son image, et alimenter son sentiment d’omniscience, de toute-puissance et de perfection quasi divine.
Le narcissique caché passif-agressif extorque une provision narcissique d’une nature sadique. Ce n’est pas en vous aimant ou en vous admirant qu’il se sent plein – comme il le prétend – mais en vous ignorant, en vous infligeant une indifférence glaciale, en imposant le silence, l’absence émotionnelle, le vide affectif – sans jamais se soucier de ce que vous ressentez.
Voyons comment régule-t-il ses émotions et son équilibre interne :
- En vous faisant souffrir, sans jamais en assumer la responsabilité, il se sent exister.
- Lorsque vous pleurez de douleur, il éprouve une euphorie narcissique.
- En observant vos failles et vos blessures ou vos efforts pour comprendre ce qui se passe et réparer, il se sent supérieur, presque invulnérable.
- Il devient le spectateur cynique d’un théâtre qu’il orchestre lui-même.
Ainsi, sans que vous ne vous en rendiez compte, vous devenez la source même de sa provision narcissique sadique. Et plus vous tentez de comprendre son retrait ou d’apaiser la tension, plus il se sent renforcé dans sa position de contrôle et d’arrogance.
Le clivage : la division de l’autre en bon ou mauvais
Au cœur du narcissisme pathologique se trouve un mécanisme central : le clivage.
Comme tous les narcissiques, le narcissique caché a grandi en scindant le monde en deux catégories : le tout bon et le tout mauvais. Et cette division ne concerne pas seulement les autres, mais aussi lui-même.
Dans son monde intérieur, sa mère – figure centrale de son développement – a été perçue sous deux formes opposées : l’une idéale, douce, parfaite ; l’autre terrifiante et maltraitante. Cette figure aurait pu être son père, dépendant du contexte familial.
En tout cas, il n’a pas pu intégrer ces deux aspects en une seule personne complexe, ambivalente. Il les a séparés. Et en même temps qu’il a clivé cette figure parentale, il s’est aussi divisé intérieurement, en arrivant inconsciemment à cette conclusion :
- « Si ma mère est mauvaise ou mon père mauvais, alors je peux être bon.
- Mais si l’un d’eux me blesse, me châtie et m’humilie tout en se montrant impeccable, voire parfait, c’est forcément moi le problème. »
Ces représentations deviennent ce qu’on appelle des objets internes, des images psychiques qu’il transporte avec lui à l’âge adulte. Et vous, en tant que partenaire, proche ou figure significative, êtes inconsciemment perçu(e) à travers ce prisme.
Son mécanisme de clivage, renforcé par le déni de sa blessure archaïque, et par la projection, alimente son fantasme partagé : un récit inconscient dans lequel – après la phase d’idéalisation et de maternage mutuel – vous êtes entraîné(e) malgré vous, à devenir la mère persécutrice idéalisée qu’il redoute tant, et à payer les comptes non réglés avec elle.
C’est alors qu’il ne vous voit plus comme une personne entière et réelle, mais comme un reflet de son monde psychique. Lorsque vous ne comblez pas ses attentes – même implicites – il projette sur vous l’image du parent qui le rejette, le fait souffrir, l’humilie. Et, sans s’en rendre compte, il vous rabaisse, vous juge, vous dévalorise.
Son fantasme partagé : un attachement évitant
Le fantasme partagé est un scénario inconscient que tous les narcissiques imposent à leurs partenaires intimes. Le narcissique caché – passif-agressif – commence par vous idéaliser, vous érigeant en figure maternelle parfaite, presque salvatrice. Mais cette phase est plus ou moins éphémère. Le temps passant, vous passez de la figure idéalisée à la figure dévalorisée. Subtilement, il vous rabaisse, vous méprise, vous isole – jusqu’à ce que l’histoire se termine par un éloignement cruel.
Ce fantasme n’est pas anodin : il se rejoue sans qu’il en ait conscience, une tentative de séparation d’avec sa mère et peut-être aussi avec son père. Vous devenez l’instrument de ce processus inachevé.
Il vous utilise pour le revivre, pour tenter de dépasser les traumatismes de son enfance – tout en vous enfermant dans un rôle qui n’est pas le vôtre. Pour mettre en œuvre ce scénario, il active deux stratégies principales, toutes deux orientées vers le contrôle et la domination psychique.
- La coercition passive:
Son mode relationnel repose sur un attachement évitant et distant, teinté de dédain. Il se montre impuissant, insaisissable, fluctuant, toujours à la merci de ses propres états d’âme. Il instaure une dynamique de dépendance fondée sur une coercition subtile : il refuse de répondre à vos besoins affectifs, se dérobe à la communication, s’enferme dans le silence ou l’inaction. Ce refus constant d’engagement est une forme de pouvoir déguisé. Il ne vous attaque pas frontalement, mais vous use à petit feu, en vous laissant dans l’attente, dans l’incertitude. - L’opposition constante :
Cette stratégie consiste à s’opposer systématiquement à vous : à vos demandes, vos désirs, vos élans. Cette opposition passive devient une manière détournée d’exprimer son agressivité. Il vous frustre jusqu’à vous pousser à bout. Il sabote la relation en vous confrontant à un mur, tout en se nourrissant de vos réactions. Car chaque émotion que vous exprimez – colère, tristesse, révolte – lui permet, par un mécanisme de comparaison, de confirmer sa propre perfection morale et presque divine.
Sa manipulation machiavélique
Vivre avec un narcissique caché passif-agressif, c’est faire face à une stratégie relationnelle double, à la fois envoûtante et destructrice. D’un côté, il feint la dépendance affective, installe une forme d’attachement basé sur l’impuissance, et vous fait croire qu’il ne peut exister sans vous. Il peut vous dire, implicitement ou ouvertement : « Sans toi, je ne pourrais pas vivre », tout en s’efforçant de vous rendre dépendante de lui, afin de mieux exercer son emprise.
Derrière cette stratégie se dissimule une forme d’extorsion émotionnelle. Plusieurs comportements peuvent révéler cette manipulation déguisée :
- Une fausse prétention à l’ignorance : il joue le rôle du naïf, de l’innocent, de celui qui ne sait pas. Il vous pousse à devenir son guide, son soutien, son interprète du monde – ce faisant, vous vous retrouvez à excuser ses erreurs, à porter ses responsabilités.
- Des discours de pseudo-humilité : il se rabaisse ostensiblement, évoque ses défauts, exagère ses failles – mais dans le seul but d’obtenir des compliments, de la compassion, et de vous faire jouer, une fois de plus, le rôle du réparateur.
- Le sarcasme et la moquerie : ses attaques sont souvent déguisées en plaisanteries. Il vous blesse tout en niant toute intention, laissant entendre que vous êtes trop sensible ou que vous manquez d’humour.
- La victimisation : il se place sans cesse en position de victime, rejetant la faute sur vous, sur les autres, ou sur le monde en général. Il ne prend jamais de recul, jamais de responsabilité.
En parallèle, il utilise des tactiques beaucoup plus sournoises pour altérer votre perception de la réalité. Il vous fait porter la responsabilité de ses comportements, ainsi que celle de la souffrance qu’il vous inflige. Si vous réagissez, il utilise vos émotions comme preuves contre vous : « Tu vois bien, c’est toi le problème. »
Cette forme de manipulation vous pousse peu à peu à douter de vous-même. Vous vous sentez inférieur(e), fautif(ve), décalé(e). Votre comportement change, vos réactions ne vous ressemblent plus, et vous commencez à vous éloigner de votre essence. Cette sensation profonde, de plus en plus difficile à nommer, porte un nom : l’étrangement – ce sentiment douloureux de ne plus être soi, d’être devenu étranger à sa propre vie.
Dans ce jeu malsain, il renforce sa sensation de toute-puissance. Il se vit comme supérieur, détaché, invulnérable – pendant que vous, peu à peu, vous vous videz de votre énergie, de votre clarté, et parfois même de votre sentiment de valeur personnelle.
Voyons maintenant la différence entre le discours hypnotique d’un narcissique classique (manifeste) et celui d’un narcissique caché passif-agressif.
L’abus narcissique caché génère la dissolution de votre « Soi »
Le narcissique manifeste crée un fantasme partagé adapté à vous. Il est grandiose, provocateur et visible. Il utilise un type de langage pour vous dominer, vous intimider ou vous harceler. Son langage est transparent : Vous n’avez pas besoin de le déchiffrer. Son abus narcissique est manifeste, visible, bruyant et violent.
Il propose à sa victime un fantasme partagé auquel elle peut s’identifier. Il semble être fait pour elle : il est valorisant, flatteur et enveloppant. La victime s’y sent bien. Elle s’y reconnaît, du moins au départ. Mais ce fantasme partagé est faux, contrefactuel et irréaliste. Et au fil du temps, il manipule l’environnement externe de la victime, mais il ne falsifie pas la victime elle-même. Il adapte le fantasme partagé, sans toucher directement le noyau identitaire de la victime.
Le narcissique caché, lui, est furtif, subtil et nuancé. Il est un narcissique effondré, incapable d’obtenir une provision narcissique grâce aux sources externes. Il se présente donc comme une personne modeste, charitable, altruiste, mais c’est une illusion. Il dégouline d’amertume, de ressentiment et de mépris. Il vous choisit pour ce que vous pouvez lui apporter.
Ses messages sont idiosyncratiques, chargés de doubles sens. Il crée des expressions sémantiques, où certains mots ont des significations « cachés » que seuls les initiés peuvent comprendre. Ce langage est l’équivalent fonctionnel du gaslighting chez le psychopathe – même sans intention consciente, il produit les mêmes effets. Lissez l’article sur le sujet en cliquant sur le titre : Le gaslighting.
Mais le narcissique caché, passif-agressif, va beaucoup plus loin : il dissout sa victime. Il la fait disparaître en la privant de ses repères, de sa mémoire, de son intériorité. Il recrée une identité factice, puis lui dit : « Voici qui tu es. Tu ne l’avais pas encore réalisé. Grâce à moi, tu t’es trouvé. »
Son contrôle repose sur l’envie corrosive
Chez le narcissique caché passif-agressif, l’envie n’est pas une émotion passagère – c’est un carburant, une force souterraine qui alimente son discours, ses pensées, ses comportements. Cette envie, profonde et constante, le rend rancunier, toujours sur la défensive. Il se sent lésé, oublié, méprisé – persuadé que ce qui lui revient de droit a été donné à d’autres.
Il se plaint souvent d’avoir été écarté, ignoré, ou injustement traité. Cela peut concerner une opportunité professionnelle, une reconnaissance artistique, ou même une simple attention. Il ne supporte pas que les autres soient admirés ou choisis à sa place.
Pour garder le contrôle, il adopte une posture méprisante – toujours déguisée. Il dénigre subtilement ceux qui réussissent, critique les projets des autres, remet en question leurs mérites. Obsédé par son manque de réputation, il se compare sans cesse, mais dans une logique biaisée : il se persuade que les réussites des autres sont le fruit d’un vol, d’un coup de chance, ou d’une imposture, des contacts sociaux qu’il n’a pas. Ainsi, dans son monde intérieur, il peut continuer à croire en sa propre supériorité.
Cette activité narcissique est d’autant plus insidieuse qu’elle se dissimule derrière des airs de discrétion ou d’humilité. Elle est, à bien des égards, plus perverse encore que celle des narcissiques dits « classiques ».
Dans la vie quotidienne, ce contrôle s’exprime de façon très concrète :
- Il sabote la communication : au lieu d’exprimer clairement ce qu’il ressent, il vous punit par le silence. Il laisse vos questions sans réponse, vos besoins en suspens, et vos émotions dans le vide – invalidées. Cette absence de dialogue devient une forme de domination et de destruction psychique.
- Il vous surveille : lorsque son besoin de contrôle se transforme en paranoïa, il cherche à savoir où vous êtes, avec qui, ce que vous pensez. Il empiète sur votre liberté, vous prive de votre espace personnel.
- Il vous intimide : dans ses phases coercitives, il alterne menaces et promesses. Il vous fait croire qu’il va changer, vous montre parfois de l’affection, mais replonge aussitôt dans la froideur. Ce cycle de renforcement intermittent crée une confusion émotionnelle dont il tire profit.
- Il vous entraîne dans ses fantasmes : lorsqu’il s’accroche à ses constructions mentales délirantes, il altère votre perception. Il vous entraîne dans son univers instable, jusqu’à ce que vous ne sachiez plus ce qui est réel, ce qui est exagéré, ou ce qui vient de vous. C’est un brouillage psychique, un brouillard dont il est à la fois l’auteur et le seul repère.
Les deux premières phases de la relation
Au début de la relation, tout semble intense, fusionnel, presque trop parfait. Mais cette intensité ne naît pas d’un lien véritable : elle s’ancre dans un transfert psychique puissant.
Dès les premières interactions, le narcissique caché passif-agressif projette sur vous l’image de sa mère nourricière. Il vous observe, vous « scanne », puis prend une photo instantanée de vous – une image figée qu’il introjecte et internalise – pour en façonner un objet interne.
Vous cessez alors d’exister pour lui en tant qu’individu. Cet objet interne devient la figure psychique à laquelle il s’attachera, tout en vous reléguant hors de ce lien. Dès lors, tous ses gestes d’amour, ses attentions, ses démonstrations d’attachement ne vous sont pas véritablement destinées. Ils s’adressent à l’image idéalisée qu’il a façonnée à partir de la vôtre.
Dans cette phase, il vous demande implicitement – sans vous le dire – de confirmer que vous êtes digne de cette idéalisation. Il évalue vos qualités, les comptabilise et même les magnifie, mais à travers le prisme de son propre fantasme partagé.
Vous n’êtes plus une personne complexe, ambivalente, réelle. Vous devenez un support, une vitrine, un miroir flatteur… S’il vous couvre d’amour, s’il vous materne et vous comble, ce n’est pas vous qu’il chérit. C’est l’objet idéalisé qu’il a construit à partir de vous. Et à travers cet objet, c’est lui-même qu’il idéalise.
Dans ce scénario, vous n’êtes qu’un pivot, un point d’appui autour duquel tourne son fantasme partagé. Tout semble vous concerner, mais rien ne vous touche vraiment. Et pourtant, dès le départ, une autre dynamique s’installe en parallèle : son agressivité passive – bien réelle, bien dirigée, et cette fois, bel et bien tournée vers vous. Voyons maintenant comment elle s’exprime.
La troisième phase de la relation
Dans cette phase, quelque chose bascule silencieusement. Le regard initial qu’il a porté sur vous s’effondre, cédant la place à un regard plus sombre : celui de la « mauvaise mère ». À travers ce nouveau prisme, le narcissique caché passif-agressif réactive le conflit ancien, demeuré irrésolu, qu’il entretient avec sa propre figure maternelle. C’est à travers cette lentille déformante qu’il vous perçoit, vous juge et agit sur vous.
Vous n’interagissez plus directement avec lui : il vous charge de tout ce qu’il n’a pas pu exprimer, tout ce qu’il n’a jamais digéré dans son enfance, avec ses parents.
Alors, il commence à tester vos limites, met en place des jeux de pouvoir, mesure jusqu’où il peut vous pousser avant que vous ne cédiez. Il s’arroge le droit de vous façonner selon ses propres besoins, en usant d’une violence presque invisible, faite de silences prolongés, d’évitements, de dévalorisations feutrées, des remarques ou des attitudes qui vous rabaissent.
Il réagit sans crier, sans vous insulter directement, mais de manière constante, glaciale, sournoise, des gestes qui ne laissent pas de marques – mais qui s’impriment profondément. Il vous met constamment à l’épreuve. Il se montre distant, absent, émotionnellement fermé.
Il devient inaccessible, tout en exigeant de vous présence, compréhension et loyauté. Il alterne coercition passive et opposition constante, brouillant les repères affectifs. Même lorsque vous tentez de vous adapter à ses attentes, même si vous répondez avec patience ou compassion, il commence déjà à vous mépriser.
Votre soumission ne le touche pas, au contraire, elle l’irrite ou l’ennuie. Car au fond, ce qu’il cherche, ce n’est pas l’amour – c’est vous blesser pour obtenir sa provision narcissique sadique.
Pour maintenir cette dynamique, il vous assigne quatre rôles simultanés :
- La mère nourricière : celle qui le protège, le rassure, prend soin de lui sans poser de conditions.
- La servante ou l’esclave : disponible à tout moment, soumise à ses besoins, exploitée sans scrupules.
- La poupée sexuelle : un objet de désir façonné selon ses fantasmes, sans volonté propre.
- La source de sa provision narcissique : à travers vos regards, votre admiration, ou plus souvent encore – votre douleur.
Deux de ces conditions le suffissent. Dans ces demandes, explicites ou implicites, sa manœuvre principale se révèle : il vous utilise pour exister. Que ce soit par votre attention ou par votre souffrance, il tire de vous sa provision narcissique. Votre souffrance devient pour lui la preuve qu’il est puissant : elle le conforte aussi dans l’illusion qu’il est parfait, unique, supérieur, presque divin.
La quatrième phase de la relation
À partir de cette phase, même si vous souffrez de dépendance affective et que votre besoin d’amour vous aveugle, vous commencez à découvrir son véritable visage et ses défaillances : son manque d’amour, d’empathie affective, de solidarité, d’authenticité, d’intégrité, d’honnêteté, de justice et de responsabilité.
Le renforcement intermittent
Le narcissique caché passif-agressif s’appuie sur une stratégie redoutablement efficace pour maintenir son emprise : le renforcement intermittent. Inconsciemment, il alterne chaleur et froideur, douceur et distance, attention et indifférence. Ce va-et-vient émotionnel crée un état de confusion affective qui vous lie davantage à lui, tout en affaiblissant votre clarté intérieure.
- Il vous idéalise, puis vous dévalorise sans transition.
- Il vous comble de gestes tendres, tout en vous négligeant sur des aspects fondamentaux.
- Il fusionne avec vous dans une proximité intense, avant de vous rejeter dans un silence glacial.
- Il vous flatte, puis glisse une remarque qui mine votre confiance.
- Il affirme vous aimer, mais ses actions minent peu à peu votre intégrité psychologique.
Cette alternance crée une sorte de cercle de punition émotionnelle. D’abord vient la tension – souvent sourde, difficile à nommer. Ensuite, l’agression passive s’installe : mutisme, sarcasmes, retrait affectif. Puis, sans prévenir, un geste d’affection survient : un mot doux, un regard tendre, une main posée au bon moment. Et cela suffit à vous replonger dans l’illusion d’un lien sincère. Le cycle recommence, toujours plus désorientant.
Ce renforcement intermittent n’est pas une simple instabilité émotionnelle : c’est une méthode de conditionnement – toujours inconscient – par laquelle il vous pousse à espérer le retour de la phase « chaleureuse » en acceptant, de plus en plus, la violence silencieuse qui la précède. Et c’est ainsi que votre attachement se renforce, au détriment de vous-même.
Vos défenses adaptatives autoplastiques
Lorsque vous souffrez de dépendance affective, vous avez tendance à vous culpabiliser. Au fil de la relation, et face à la confusion émotionnelle installée par le narcissique passif-agressif, vos propres défenses adaptatives provenant de l’enfance – appelés autoplastiques – se réactivent.
Ces défenses vous poussent à chercher en vous-même la cause du malaise et des conflits, même quand celui-ci ne vous appartient pas. Ébranlé(e) par l’alternance entre chaleur et rejet, vous commencez à douter de vos perceptions, de vos réactions, de votre propre valeur. Vous croyez être à l’origine de ses silences, de sa froideur, de ses humeurs toujours changeants.
Là où le narcissique, protégé par ses défenses alloplastiques, rejette toujours la faute sur autrui, vous, sous l’effet de vos défenses autoplastiques, vous absorbez le poids de la responsabilité. Vous vous sentez fautif(ve), insuffisant(e), instable. Vous doutez de vous-même jusqu’à vous effacer.
Et pourtant, malgré la souffrance, vous gardez l’espoir. Car les bons moments existent — assez pour entretenir l’illusion. Un regard tendre, un mot attentionné, une période de calme suffisent à raviver la croyance qu’il est possible d’aimer et d’être aimé(e) dans cette relation. Mais pendant ce temps-là, vous dépérissez doucement. Car le venin qu’il distille est lent, invisible, et agit à petites doses.
Il s’oppose à vos désirs et à vos besoins
À un moment ou un autre, vous le remarquerez : chaque fois que vous lui demandez quelque chose qui compte vraiment pour vous, c’est précisément cette chose qu’il refusera de vous offrir. Il ne s’agit pas d’un malentendu ou d’un oubli – c’est une dynamique profondément ancrée. Il s’oppose systématiquement à vos objectifs, vos désirs, vos besoins essentiels.
C’est un non, sec, sans appel. Ou pire : un silence prolongé, un détournement, une forme d’évitement glacial.
Il juge vos demandes comme étant déraisonnables, excessives, ou trop exigeantes – surtout lorsqu’elles touchent à ce qu’il est incapable de donner : l’amour, le respect, l’attention sincère. Vous demander de la tendresse devient, à ses yeux, une intrusion. Vous exprimer une envie ou une émotion, un affront.
En réalité, ce n’est pas à vous qu’il s’oppose directement. C’est à ce que vous représentez dans son psychisme. Vous êtes devenu(e), malgré vous, une mère de substitution. Et c’est à cette figure blessante de son passé qu’il continue à résister. Ainsi, il rejette vos élans d’amour, votre joie de vivre, votre spontanéité – non pas parce qu’ils sont inacceptables, mais parce qu’ils activent en lui une blessure qu’il n’a jamais reconnue.
Ce qu’il rejette, au fond, ce n’est pas ce que vous dites – c’est que vous existiez. Il s’oppose à vous comme il s’est opposé, enfant, à une mère vécue comme absente, insécurisant, dure ou injuste. Et dans cette posture, il devient froid, indifférent, insensible à vos émotions comme à vos besoins. Il ne vous voit plus comme une personne – mais comme une projection de lui-même à neutraliser.
Son traitement silencieux
Le narcissique passif-agressif manie le traitement silencieux comme une arme. Ce n’est pas un simple retrait ou une absence de mots – c’est un outil de contrôle, de punition, de pouvoir. Son silence est stratégique, même s’il est inconscient : il l’utilise pour vous manipuler, vous dévaloriser, vous blesser, vous exclure psychiquement, tout en vous faisant porter la faute. Il ne dit rien, mais tout est dit. Et tout vous est adressé.
- Ce mutisme glacial est l’expression directe de sa colère refoulée, de sa frustration, de l’insatisfaction chronique qu’il projette sur vous.
En refusant de parler et de communiquer, il vous signifie, par ce retrait, que vous avez mal pensé, mal agi, mal dit, mal été. C’est un silence coercitif, donc il vous puni(e). Il vous contraint à deviner ce qu’il ressent, à vous excuser pour une faute que vous ignorez. Et dans cet espace vide de mots, mais saturé de tension, naît une incertitude permanente. Ce flou est délibéré. Il attire votre attention, tout en vous maintenant dans un état de soumission psychologique.
Ce traitement silencieux est extrêmement douloureux. Il provoque en vous une cascade de sentiments : aliénation, confusion, impuissance, frustration, perte d’estime de soi, sensation d’inadéquation, et ce terrible sentiment d’être un « objet mauvais », indigne d’amour ou d’écoute. Voici quelques exemples concrets de ce silence maltraitant :
- Comme les trois singes de la sagesse, il ne vous regarde pas, ne vous écoute pas, ne vous répond pas. Rien. Point final.
- Il évite vos questions, agit comme si de rien n’était, refuse d’expliquer ce qui ne va pas ou ce qui vous a blessé.
- Votre souffrance l’indiffère. Il garde une posture froide, distante, parfois cruellement ironique. Il peut dire, avec dédain : « Tes larmes tombent sur moi comme la pluie sur les plumes d’un canard. »
- En dehors des échanges liés à la routine, il reste muet. Froid. Absent.
- Il détourne toute tentative de communication en évitant le conflit… mais sans jamais écouter vos émotions ou reconnaître ce qui vous fait mal.
- Aucun dialogue réel n’est possible. Il vous ignore entièrement.
- Il vous enferme dans un isolement psychique, fait de mépris, d’indifférence et de rejet affectif.
- Il se réfugie dans ses distractions : son travail, son ordinateur, ses pensées… vous laissant seul(e), exclu(e), invisible, dévalorisé(e), et dans le déchirement d’être constamment nié(e).
- Même lors d’un moment censé être chaleureux – un repas, une fête, une célébration – il se retire émotionnellement de vous, comme si vous étiez transparente.
- Lors d’une célébration de Noël, par exemple, il peut aller se coucher – même si ses enfants sont là – si vous ne faites pas ce qu’il veut, vous laissant seul(e) avec la culpabilité de son absence.
Dans cette atmosphère de punition constante, l’intimité devient impossible. La complicité, impensable. Il ne s’abandonne jamais à vous. Vous êtes là, mais il n’est pas avec vous.
Et en réalité, vous n’êtes pas son être aimé : il reste relié par un fil invisible au fantasme de sa mère. C’est à elle qu’il s’adresse, à elle qu’il répond, à elle qu’il oppose ce silence devenu méthode de survie.
À ce sujet, le film Phantom Thread, réalisé par Paul Thomas Anderson, en offre un portrait subtil et poignant. Daniel Day-Lewis y incarne avec brio cette figure masculine liée à une mère fantôme, où le lien amoureux devient un théâtre de pouvoir et d’aliénation.
Son exploitation financière
Dans une relation avec un narcissique caché passif-agressif, l’argent finit souvent par devenir un terrain de pouvoir. Au bout de quelques mois, les échanges affectifs cèdent la place à des attentes financières de plus en plus implicites… puis de plus en plus assumées.
S’il traverse des difficultés économiques, vous vous retrouvez à le soutenir. Vous lui prêtez de l’argent, vous assumez les dépenses du quotidien, parfois même les siennes. Mais loin de reconnaître votre générosité, il agit comme si tout cela allait de soi. À ses yeux, c’est un privilège de vivre à ses côtés. Vous ne faites que payer le prix de sa présence, qu’il considère comme une offrande précieuse.
- Il s’attend à être servi, aidé, soutenu, sans jamais prendre en compte vos efforts ni votre fatigue.
- Il ne vous remercie pas. Il ne vous rend pas la pareille. Et surtout, il ne vous rembourse jamais.
- Il s’autorise à vous exploiter, convaincu que son exploitation est juste, voire méritée. Il se voit comme méritocratique : s’il reçoit, c’est qu’il y a droit. Point final.
Et si vous avez grandi avec la croyance – souvent issue de traumatismes anciens – que vous devez mériter l’amour, que vous n’êtes pas « naturellement aimable », il confirmera cette blessure. Par ses comportements froids, hostiles, intéressés, il ancrera l’idée que l’amour doit se payer, au prix fort.
Et pendant que vous travaillez dur, que vous donnez tout, il vous renvoie ce message cruel : « Tu es seule, même à mes côtés ». Ou encore, il vous tourne le dos en lançant : « Je te laisse seule. » Sa cruauté semble ne connaître aucune limite.
Son autoérotisme
Sur le plan sexuel, le narcissique caché passif-agressif reste figé dans une posture infantile. Il ne s’engage pas dans une sexualité partagée, vivante, ouverte à l’autre. Il est autoérotique, parfois même asexué. Il ne vous voit pas comme un(e) partenaire de désir, mais comme un prolongement de lui-même – un objet interne dénué d’autonomie.
Il ne vous trouve ni attirant(e), ni séduisant(e), car il n’est pas tourné vers l’altérité. Il rejette votre désir, et si, parfois, il accepte un rapport sexuel, ce n’est pas par envie ou par lien affectif : c’est uniquement pour éviter que vous ne l’abandonniez. Le sexe devient une transaction de contrôle, une manœuvre pour maintenir votre attachement.
Pendant l’acte, il projette sur vous son propre féminin intérieur, non pour se relier à vous, mais pour s’unir à lui-même à travers vous. Il vous instrumentalise comme un miroir, un support, un contenant – et ce qu’il cherche réellement, c’est à se faire l’amour à lui-même.
Dans certains cas, cette dynamique va jusqu’à l’exclusion complète de l’autre. Il peut se masturber devant vous, sans vous inclure, sans vous regarder, sans même tenir compte de ce que vous ressentez. Pour lui, vous n’êtes pas supposé(e) exister en tant que sujet désirant. Vous ne devez avoir ni volonté, ni besoins, ni élan propre. Votre désir n’est pas reconnu. Il est nié, étouffé, évacué.
Son invalidation de vos émotions
Comme tous les narcissiques, le narcissique caché passif-agressif invalide systématiquement vos émotions. Ce rejet, constant et insidieux, provoque une douleur sourde, mais déchirante.
Peu importe ce que vous ressentez, il refuse d’y accorder de la valeur – et même d’en reconnaître l’existence.
- Si vous vous mettez en colère face à ses comportements blessants, il s’éloigne sans un mot. Il vous ignore, froidement, comme si votre réaction n’existait pas.
- Plus vous souffrez, plus il s’oppose à vous. Il résiste à vos protestations, surtout quand vous exprimez clairement votre douleur.
- Il invalide aussi vos émotions positives. Il déteste vous voir enthousiaste, vivant(e), lumineux(se). Votre joie le dérange, car elle le confronte à ce qu’il ne peut ni ressentir, ni contrôler.
- Quand vous chantez, dansez, riez, il reste distant, fermé, figé dans son monde intérieur. Votre vitalité l’agresse.
Dans tous les cas, votre monde émotionnel est nié. Qu’il soit douloureux ou lumineux, il est réduit au silence. Et dans ce vide, une vérité s’impose lentement : vous n’avez pas le droit d’exister en tant qu’être sensible. Vous vivez dans le déchirement d’être niée.
La cinquième phase de la relation
Dans cette phase, quelque chose de plus profond encore se produit : il ne se contente plus de vous dévaloriser en tant que personne extérieure. Il détruit aussi l’objet interne qu’il avait, un temps, idéalisé à travers vous. C’est la fin de son illusion. Et avec elle, la fin de toute forme d’attention, même minimale. Une fois cet objet interne discrédité, vidé de sa valeur, vous n’existez plus à ses yeux, ni psychiquement ni émotionnellement. Il vous fait sentir que vous n’avez plus aucune importance. Et sur ce vide qu’il a lui-même créé, il déverse une rage passive d’une cruauté extrême : silence, mépris, froideur, rejet et distance.
À travers son traitement silencieux, sa négligence constante, ses oppositions systématiques, son exploitation émotionnelle ou matérielle, il vous pousse à bout. Vous finissez par hurler, par craquer, par l’affronter, peut-être même par le trahir. Et c’est là qu’il attendait que vous tombiez : dans cette réaction qu’il provoque, il trouve sa justification.
Dans certains cas, il peut même provoquer inconsciemment une infidélité – ce que l’on appelle une infidélité collusive. Il vous pousse à la faute, à la rupture, pour pouvoir se poser en victime morale. Cela lui permet de mépriser, de dominer, et de renforcer l’illusion de sa propre supériorité. C’est ainsi qu’il tire, une fois encore, sa provision narcissique sadique.
Il se nourrit de votre douleur, car elle confirme ses fantasmes de toute-puissance, d’omniscience, de grandeur. Il a réussi à détruire ce qu’il avait d’abord idéalisé – et cette destruction, il la vit comme une victoire.
Son déni : un mécanisme de défense
Le narcissique caché passif-agressif refuse toute remise en question. Il vit dans un déni profond et structurant, qui constitue le socle de son fonctionnement psychologique.
- Il nie vous utiliser, vous ignorer, vous négliger, vous exploiter ou vous maltraiter.
- Il invalide vos émotions, nie vos besoins fondamentaux, tout en prétendant que vous exagérez ou dramatisez.
- Il ne reconnaît jamais que sa rage passive, silencieuse et destructrice lui procure un sentiment de toute-puissance et d’omniscience.
- Si vous lui dites qu’il est narcissique, il réagit avec mépris. Il se sent humilié par cette vérité et retourne votre évaluation contre vous.
- Il ne voit ni sa cruauté, ni son sadisme, ni son mépris. À l’inverse, il se raconte qu’il est tolérant, patient, aimant, compréhensif, tendre, presque exemplaire.
Cette distorsion de la réalité n’est pas seulement une mauvaise foi passagère : c’est une défense. Un mur psychique.
Blâme et déni : son bouclier alloplastique
Comme vous l’avez vu, pour se protéger de toute souffrance intérieure ou de toute remise en question, il utilise un mécanisme bien connu : les défenses alloplastiques. Plutôt que d’assumer ses propres tensions, il les projette sur vous. Ce n’est jamais lui le problème. C’est vous.
S’il est manifestement paranoïaque, il continue à vous soupçonner, avons harceler et à vous contrôler sans la moindre honte – peut-être comme depuis le début de la relation. Ou bien, s’il n’exprime pas ouvertement ses idéations paranoïaques, mais il vous attribue ses émotions, ses pulsions, ses conflits internes. Il vous accuse d’être à l’origine des tensions. Il vous fait croire que votre souffrance n’a rien à voir avec lui.
Et pour cela, il a un arsenal prêt à l’emploi : « Tu exagères. » « Tu es trop sensible. » « Tu es paranoïaque. » « Tu interprètes tout de travers. » « Tu devrais consulter. »
Il est totalement inconscient de ses propres jeux de pouvoir, de ses manipulations, de sa pulsion de mort, de son émotivité négative, de son agressivité passive et de ses fantasmes de contrôle. Et tant qu’il reste dans ce déni, rien ne change. Il est, à ses propres yeux, aimable, irréprochable, tolérant, calme et doux.
La sixième phase de la relation
Cette phase peut être très courte. Elle peut se caractériser par l’émergence d’un désir de vengeance – un besoin viscéral de mortifier le narcissique. Vous ressentez une colère légitime. Frustré(e), vidé(e), blessé(e), vous défiez son arrogance et souhaitez lui faire mal. Peut-être pour la première fois, vous ressentez une rage dévorante, une envie de le blesser, de l’humilier, de lui faire comprendre qu’il ne compte plus pour vous.
C’est la contagion de son émotivité négative : votre joie de vivre a été étouffée. Vous n’en pouvez plus. Alors vous le confrontez – avec hargne, avec douleur.
Vous lui crachez des vérités longtemps retenues : qu’il est malade, fou, sadique, un pervers narcissique ; que vous ne supportez plus sa rage, son contrôle, son vide affectif.
Mais cela ne l’atteint pas. Car c’est précisément ce qu’il attend. Sadomasochiste, il vous pousse à l’agresser – pour mieux se poser en victime. Votre agression, aussi légitime soit-elle, devient son alibi. Elle justifie à ses yeux votre rejet. Elle alimente son scénario.
- Cependant, il se peut que ce soit l’inverse… Voyons comment.
Le narcissique caché pratique le gaslighting
Le narcissique caché, passif agressif, pratique inconsciemment le gaslighting ou décervelage hypnotique. Il s’agit d’un entraînement hypnotique qui vous fait douter de votre perception de la réalité, de votre mémoire et de votre jugement, ainsi que de votre réalité intérieure. Consultez l’article suivant en cliquant sur le titre : Le gaslighting
Ses comportements génèrent une dépersonnalisation – une altération de la perception de soi. Il s’agit d’un sentiment subjectif d’éloignement, de détachement, de distance ou de déconnexion vis-à-vis de ses émotions, de soi et de son propre vécu. C’est état est produit par le narcissique caché, qui lui aussi, souffre de dépersonnalisation.
Ces comportements génèrent également une déréalisation. Dans ce cas, vous vous détachez de l’environnement que vous percevez comme irréel, comme s’il y avait un voile entre vous et le monde extérieur. Lisez l’article suivant en cliquant sur le titre : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Si vous vivez déjà dans un état de déréalisation et de dépersonnalisation – par cause de son décervelage hypnotique – cela vous rend trop soumise et incapable de le confronter, de ressentir vos émotions ou vos besoins et de mettre des limites.
- Mais si vous ne le maltraitez pas, si vous ne le quittez pas, alors il vous déteste et de toute façon, et vous provoque pour que vous partiez.
Il vous expulse de sa vie
Dans cette sixième phase de la relation, il décide de vous expulser de sa vie et intensifie son abus. Il devient encore plus sadique, franchissant toutes vos limites dans le but de vous pousser à le maltraiter. Il fait tout pour que vous partiez tout en s’arrangeant pour rester avec les biens communs : la maison, les meubles, les souvenirs…
Profitant de votre faiblesse et soumission, il ira jusqu’à tenter de garder vos enfants auprès de lui, s’évertuant à les retourner contre vous, subtilement, méthodiquement. Et ne soyez pas surpris(e) s’il retourne le miroir vers vous, en vous qualifiant de narcissique !
En réalité, sa vengeance ne vise que la figure maternelle en vous. C’est à travers vous qu’il règle ses comptes. Mais ce seront vos épaules qui porteront le poids financier de la séparation. Et ce sera encore vous qui souffrirez de l’éloignement de vos enfants, de ce lien fragilisé par sa manipulation perverse.
Son objectif : vous rendre folle
C’est à ce moment-là qu’il déclenche en vous des déferlements émotionnels incontrôlables, réveillant des souffrances anciennes, enfouies parfois depuis des décennies. Si vous pleurez abondamment, il intensifie la torture psychologique.
Il utilise votre souffrance pour vous dévaloriser, et vous faire passer pour une personne mentalement instable. Il ne vous touche plus, ne vous prend jamais dans ses bras, ne vous rassure pas. Et si vous osez exprimer votre colère légitime, il peut même aller jusqu’à vous maltraiter physiquement. C’est alors que vous verrez sa rage narcissique dans ses yeux – et cesserez de croire qu’il est simplement distant, froid ou autiste.
Son désir conscient de vengeance
Le désir de vengeance du narcissique, toujours inconscient, devient enfin conscient. Pourtant, sa rage véritable – dirigée contre sa mère d’origine – demeure enfouie dans son inconscient. À ce stade, le fantasme partagé, autrefois central pour lui, s’effondre.
Il ne supporte plus vos émotions, vos protestations chargées de colère, vos pleurs, ni votre manière de le confronter. Tout cela réveille en lui un rejet profond. Il veut vous faire souffrir. Il veut vous rendre fou (folle). Il est prêt à intensifier ses punitions, à orchestrer méthodiquement votre effondrement psychique.
Comme le disait déjà Freud, son faux self vous hait. Il vous exècre, car à ses yeux, vous êtes devenu(e) la source même de son déplaisir.
La septième phase de la relation
Dans cette septième phase de la relation toxique et traumatisante, il se sépare de vous, car vous ne lui servez plus à rien. Si ce n’est pas lui qui quitte votre foyer, il vous pousse à partir du sien – tout en profitant de la situation pour vous blesser davantage, vous traiter de manière indigne, froide et sadique.
Ou bien, si la maison vous appartient à tous les deux, il fait en sorte d’y rester sans se soucier des conditions de vie que vous allez avoir.
En vous voyant dévasté(e), anéanti(e), il renforce son image de perfection divine, de supériorité, d’omniscience et de toute-puissance. Il tire de votre effondrement un sentiment d’équilibre et même d’euphorie narcissique. Vous devenez, une fois de plus, la source de sa provision narcissique sadique.
Il vous oublie aussitôt : vous n’étiez là que pour être utilisé(e), abusé(e), puis jeté(e) – comme une pelle, comme une vieille machine. Consultez l’article intitulé La provision narcissique.
Lui et sa victimisation sont indissociables
Comme nous l’avons vu, en activant son mécanisme de projection, le narcissique caché passif-agressif provoque votre colère légitime dans le but de satisfaire son sadomasochisme. Ce procédé lui permet de se positionner en victime.
Sa victimisation se manifeste par une conviction profonde : il se croit autorisé à tout se permettre avec vous. Par exemple, lors de la séparation, il peut convaincre sa famille, la vôtre, ou vos amis, que vous êtes mentalement instable – se faisant ainsi passer pour votre victime.
S’il vous doit de l’argent, il ne le remboursera jamais. Se considérant comme la victime, il s’estime en droit de vous punir, de vous voler, de se venger. Son statut de victime donne un sens à sa vie. C’est pourquoi il s’octroie tous les droits.
Comme l’affirme Sam Vaknin : « Son narcissisme et sa victimisation ne font qu’un. »
Vivez-vous sous l’emprise d’un narcissique passif-agressif ?
Si tel est le cas, sachez que sa voix de Thanatos, émanant des profondeurs de sa pulsion de mort, agit tel un poison lent, insidieux, qui vous consume peu à peu.
Tandis que sa voix de Dieu murmure sa suffisance – enivré par votre affaiblissement, il goûte à une forme d’euphorie narcissique.
Et dans vos souffrances, il puise son plaisir le plus sombre : vous êtes devenu(e) la source de sa provision narcissique sadique, et c’est ainsi que sa voix de vie se ranime.
- «Votre souffrance est sa guérison, et votre crucifixion, sa résurrection ».
– Sam Vaknin
Face à une telle spirale, il n’existe qu’une issue : la rupture totale. Il vous faut fuir ce vampire de l’âme, couper tout lien, toute communication. Alors – et seulement alors – commencera votre renaissance. Votre force érotique, votre élan vital, délivrés des chaînes de ce messager funeste, se réveilleront pour embrasser chaque recoin de votre être. Vous connaîtrez une joie, une intensité, un plaisir d’exister que vous pensiez à jamais perdus.
Partez. Osez le pas décisif.
Et si vous cherchez la première sortie de son labyrinthe, cliquez sur le titre de cet article : Quitter un pervers narcissique.