L’empathie affective est la capacité de comprendre les sentiments, les émotions, les besoins légitimes et les points de vue d’autrui. C’est la motivation qui nous amène à écouter l’autre avec attention et souplesse mentale, ainsi qu’à se soucier de lui, tout en respectant nos émotions et nos limites. L’empathie est la clé de la relation et le fondement d’une transformation radicale.

 

Son développement est essentiel, car il nous permet de mieux communiquer avec soi et avec les autres à partir de notre intelligence émotionnelle, ce qui nous évite de les blesser. Les personnes qui développent leur empathie affective traversent leurs épreuves et se libèrent du vide intérieur. Elles sont résilientes. Elles font preuve de solidarité humaine. Elles se soucient des autres, tout en respectant leurs propres besoins fondamentaux et leurs frontières psychoaffectives.
L’empathie affective se distingue de la sympathie, de la compassion et de la contagion émotionnelle, par le fait que notre réponse empathique aux états émotionnels de l’autre, se produit sans que nous ressentions les mêmes émotions. Ceci dit, quand nous nous soucions de quelqu’un et que nous comprenons sa souffrance, ses émotions et ses points de vue, sans les confondre avec les nôtres, nous pouvons nous arrêter pour l’aider ou pour lui donner le soutien demandé.

 « L’empathie affective est la disposition à être vraiment présent »

 

Elle se développe ensemble avec notre autonomie émotionnelle et psychoaffective. C’est l’aspect le plus important de l’apprentissage de l’équilibre dans nos interactions humaines quand elles sont fondées sur l’ARA : Amour, Respect et Attention.
Si nos interactions humaines étaient fondées sur l’envie et le besoin de pouvoir, alors notre empathie ne serait pas chaleureuse mais « froide ». L’empathie froide est utilisée par les psychopathes et les sociopathes pour torturer et détruire les autres, les animaux et la planète, juste pour avoir le plaisir de se sentir tout-puissants.
Les personnes qui sans être psychopathes, sont incapables de témoigner de l’empathie ni à soi, ni aux autres, souffrent d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou du syndrome de Stockholm par exemple. D’autres sont atteintes du trouble de la personnalité narcissique. Leur point commun est que leur évolution vers leur autonomie psychoaffective a été interrompue brutalement dans l’enfance. Elles ont eu un vécu pénible et confusionnel dans le cadre familial. Elles étaient maltraitées par leurs parents ou par les adultes supposés les aider à évoluer.

La maltraitance parentale a de nombreuses facettes

 

La violence physique et les abus sexuels en sont des formes bien connues. Mais lorsque les parents sont immatures, anxieux, absents et déprimés, ils abusent aussi de leurs enfants sans s’en rendre compte, parce qu’ils instrumentalisent inconsciemment leurs enfants, ont des exigences irréalistes et les négligent.

Pour mieux comprendre l’instrumentalisation que les enfants subissent, voici la magnifique description qu’en a fait la brillante psychanalyste allemande Karen HORNEY (1885-1952) : « Dans les familles dysfonctionnelles, les enfants sont instrumentalisés. Les parents n’aiment pas leur enfant pour ce qu’il est, mais pour ce qu’ils désirent qu’il soit. Ils en font l’accomplissement de leurs rêves inaboutis, le porteur de leur frustration inconsciente, l’instrument par lequel ils peuvent transformer leurs échecs en succès, leur humiliation en victoire et leurs frustrations en bonheur. L’enfant est entraîné à ignorer sa réalité essentielle et à occuper l’espace illusoire créé par ses parents ».

Nombreux sont les parents qui par manque d’empathie, prennent possession de leur enfant et abusent inconsciemment de lui des façons suivantes :

 

  • Ils ne lui permettent pas de se séparer d’eux à niveau psychoaffectif.
  • Ils ne fixent pas de limites claires, ni de règles sécurisantes.
  • Ils l’infantilisent et empêchent leur enfant de s’individualiser et d’atteindre son autonomie psychoaffective et émotionnelle.
  • Ils en font un objet et le « parentifient », c’est-à-dire qu’ils lui attribuent le rôle de maman, de papa, de conjoint ou de tout autre adulte.
  • Ils l’empêchent de recevoir des informations du monde extérieur, d’entrer en conflit avec la réalité, et de surmonter ses propres épreuves.
  • Ils font de leur enfant l’instrument de conflits dans leur couple.
  • Ils « narcissisent » leur enfant et font de lui un roi tyrannique. Ou bien, ils l’idolâtrent, l’idéalisent ou le placent sur un piédestal et le prennent pour quelqu’un qu’il n’est pas, se disant que l’enfant est merveilleux, qu’il ne peut ni se faire de mal, ni en faire à quelqu’un d’autre.

 

Le professeur Sam VAKNIN, expert international du trouble de la personnalité narcissique affirme : « Les parents accordent à leur enfant une attention disproportionnée : il est mis sur un piédestal, il est choyé et idolâtré. Les parents croient qu’aimer leur enfant de cette manière est le sens de leur vie. Au nom de l’amour, ils n’établissent pas de frontières psychoaffectives claires ni de règles transparentes. Ils privent l’enfant du droit d’être confronté à la réalité de la vie. Ils suggèrent ou affirment à leur enfant qu’il est si spécial et intelligent, qu’il peut faire tout ce qu’il veut. Ils transfèrent sur lui leur propre « objet primaire » qui est la représentation de leur mère ou en font un élément de leur propre psychisme. Par la « pensée magique » les parents transforment leur enfant qui est un être « réel » en un « objet » qu’ils visent à façonner selon leur imagination et leurs besoins. Cet abus est extrêmement pernicieux car il fait éclater les frontières psychoaffectives de l’enfant, qui par la suite, ne parvient pas à se séparer de ses parents pour acquérir sa propre individualité et son autonomie. Souvent, en outre, il est contraint de devenir le parent de son propre parent, ce qui est une forme d’inceste psychologique. L’enfant ne peut pas acquérir sa propre autonomie, ni évoluer psychologiquement et il commence à développer une forme de mégalomanie. Dans notre société, cette immaturité intergénérationnelle est largement répandue. Le narcissisme pathologique est devenu le fondement et le programme de la famille dysfonctionnelle moderne. »

Comment s’installe l’incapacité d’avoir des réponses d’empathie ?

 

C’est un phénomène transgénérationnel. Par exemple, une personne narcissique ne ressent pas d’empathie affective parce que sa blessure, générée par son système familial dysfonctionnel, lui a fait adopter un faux self qui n’est empathique que sur un plan cognitif. Par conséquent, il ne peut pas se soucier véritablement de son partenaire, ni de ses enfants, ni de personne. Son incapacité empathique s’installe au cours de son évolution vers l’autonomie. L’enfant qui deviendra narcissique enregistre le fonctionnement du parent qui, sans aucune empathie, l’a instrumentalisé et abusé de lui. C’est ainsi qu’il décide d’être l’agresseur et non la victime. Dans sa vie d’adulte, il ne peut pas avoir de relation intime, car en lieu de témoigner son empathie à ses proches, il leur fait porter sa rage.

Avez-vous survécu à l’emprise d’un parent sans empathie ?

 

Si vous avez été la victime d’un père narcissique, par exemple, vous avez souffert de son manque d’empathie affective. Vous avez été traumatisé(e) par son traitement cruel ou effrayant et par son indifférence. Vous pouvez lire ici l’article intitulé : Les effets traumatiques de l’abus narcissique. Ou bien, vous avez souffert de son absence psychoaffective et émotionnelle et de son incapacité à comprendre vos besoins.
Ses comportements redondants ont généré en vous un état hypnotique qui s’est fixé dans votre esprit. Il faut savoir qu’il souffrait d’un stress post-traumatique et d’une interruption brutale dans son processus d’évolution vers son autonomie psychoaffective et émotionnelle, qui l’a amené à refouler ses émotions. Il est devenu insensible, il s’est séparé de son essence et a adopté un faux self qui survit par un fantasme obsessionnel de vengeance, par lequel il essaye de réparer sa blessure archaïque en réglant les comptes avec le parent qui l’a blessé. Inconsciemment, il a fait le transfert de ce parent sur vous qui est devenu(e) la cible de son règlement de comptes et il vous a fait porter sa rage injustifiée. Il est certain que quand il vous a dévalorisé, rabaissé, maltraité, puni, négligé ou ignoré, tout en vous faisant sentir qu’il vous aimait, l’enfant que vous étiez a cru que c’était de sa faute. Si, en même temps, votre mère souffrait du syndrome de Stockholm, elle ne pouvait pas vous défendre contre lui, puisqu’elle avait intériorisé l’abus de son mari et s’était sur-adaptée à lui. Elle n’avait pas d’empathie ni pour elle-même, ni pour vous.

Les enfants idéalisent le parent narcissique

 

Par son empathie cognitive, votre père a capté les signes de votre détresse sans se sentir touché par votre souffrance ni éprouver de regrets. En revanche, comme un gamin, son but inconscient était de se sentir admiré par vous. Il voulait vous prouver qu’il était supérieur en sagesse, en force ou en puissance. Évidemment, l’enfant que vous étiez l’a idéalisé. Si maintenant, vous lui reprochez ce qu’il vous a fait, en exprimant vos émotions, peut-être qu’il vous demandera de lui pardonner, mais sans valider vos émotions, car il est mal équipé pour y faire face. S’il est trop hypnotisé, il pensera que votre douleur n’a rien à voir avec lui, car il vit dans le déni de sa psychopathie. Par exemple, il s’éloignerait de vous sans rien dire.

Quelles ont été les conséquences d’avoir été traité sans empathie ?

 

De nombreuses personnes, survivantes de l’abus narcissique ou de l’état hypnotique d’un parent sans empathie, observent que leurs émotions sont complètement bloquées, qu’elles se sentent anéanties ou qu’elles ne peuvent pas fonctionner. Elles n’ont pas d’estime de soi, ni de confiance en soi, ni ne sont pas en contact avec leurs propres ressources. Encore d’autres interprètent la vulnérabilité et l’empathie comme une faiblesse. Cette confusion leur fait craindre l’amour et la compassion. Ayant refoulé leurs émotions, elles réagissent avec un système défensif qui les empêche d’exprimer leurs sentiments essentiels. Voici quelques exemple :

Une mère ne peut pas exprimer son amour à son fils

L’une de mes étudiantes, qui souffrait du trouble de stress post-traumatique (TSPT), est venue me voir parce qu’elle ressentait une profonde honte d’exprimer à son fils l’amour qu’elle ressent pour lui. Elle m’a expliqué qu’elle était conditionnée à ne rien ressentir, parce que sa mère ne la regardait que pour la juger, l’humilier, la dénigrer et la rejeter. Cette petite fille ne recevait aucune affection de la part de sa maman qui faisait d’elle la cible de sa frustration et de sa rage, en lui disant qu’elle était la fille de l’homme qu’elle détestait. Son père était décédé lorsqu’elle était petite. Sa mère l’ignorait et la dépersonnalisait. Elle ne jouait jamais avec elle, ni ne passait de temps significatif avec elle, ni ne l’encourageait pas à évoluer. Au lieu de cela, elle la rejetait en lui faisant sentir qu’elle était un fardeau. Cette petite fille subissait l’abus narcissique sans avoir le droit d’exprimer sa colère légitime d’être écrasée. Dans un environnement terrifiant où sa « mère morte » jouait le rôle de victime, la petite se sentait culpabilisée. Elle ne pouvait pas évoluer vers son autonomie psychoaffective.

Elle vivait dans la terreur

Dans sa vie d’adulte, elle ne pouvait ni réfléchir, ni discerner le « faux » du « vrai », car elle s’était anesthésiée psychologiquement. Elle s’isolait. Elle ne pouvait fixer de limites claires. Elle était incapable d’identifier ses besoins fondamentaux, car elle croyait qu’elle ne méritait pas d’exister, ni d’être aimée. Ses émotions étaient la terreur, la honte et la culpabilité. Elle vivait dans un état hypnotique qui la poussait à projeter le regard menaçant de sa mère sur les autres.

Voici le message qu’elle m’a envoyé, après avoir fait un travail intensive de 3 jours, après lequel elle a commencé à témoigner son empathie à sa « petite fille intérieure » : « Bonjour chère Prabhã, ce travail intérieur commence à porter ses fruits. Mon fils et moi avons eu une conversation belle et émouvante à propos de mes attitudes envers lui et leur origine. L’espace d’intimité est finalement ouvert. J’ai pu lui exprimer mes sentiments ! Hier, je me suis rendu sur la tombe de mon père, où une grande tristesse m’a envahi et je me suis laissé aller. J’ai ressenti la solitude et la souffrance d’abandon de ma petite fille intérieure et je lui ai donné mon amour. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer avec une amie en le racontant le fait. Exprimer mes émotions commence à devenir possible. J’ai conscience que cela reste un « travail » de tous les jours. Me réveiller de mon anesthésie, de mon blocage émotionnel et de la torpeur de ma conscience réflexive, va demander du temps et de la volonté. Mais je suis tenace ! Encore un grand merci pour les trois jours de travail accompagnés de ta bienveillance, de ta présence amicale et affectueuse. Je t’embrasse affectueusement. »

Un enfant se sentait responsable de ce qui lui arrivait

Un autre de mes élèves m’a raconté qu’à l’âge de quatre ans, son père l’a abandonné pendant deux ans. Il l’a déposé chez ses parents, précisément dans l’environnement où lui-même avait développé un trouble de la personnalité narcissique. Sans ressentir aucune empathie pour son fils, cet homme a pris cette décision pour punir sa femme. La maman du petit garçon ne pouvait pas se battre pour ses droits de mère, parce qu’elle souffrait du syndrome de Stockholm. Comme je l’ai déjà expliqué dans l’article intitulé « Les effets traumatiques de l’abus narcissique », ce syndrome est la propension à sympathiser avec un ravisseur, au point d’intérioriser son abus et de se suradapter complètement à ses comportements et à sa psychopathie. Ce petit garçon a grandi donc sans empathie. Il vivait dans un état hypnotique qui lui faisait se sentir responsable de ce qui lui arrivait. Dans sa vie d’adulte, un « juge » sévère et un « surmoi » très exigeant l’ont empêché de se témoigner de l’empathie.

Elle ne pouvait pas témoigner d’empathie à sa petite fille intérieure

Une autre dame encore m’a raconté sa pénible histoire d’abandon. Ses deux parents étaient narcissiques. Ils l’ont placée dans une famille étrangère, dans un autre pays, sans sentir aucun remords ni se soucier d’elle. À l’âge de 7 ans, cette petite fille a subi des attouchements de la part d’un adolescent appartenant à cette famille. Quand je lui ai suggéré d’aller à la rencontre de sa petite « fille intérieure », pour lui donner de l’amour maternel et pour lui témoigner son empathie, elle a découvert qu’elle ne pouvait pas le faire. Elle détestait sa « petite fille intérieur » pour ne pas s’être défendue contre son agresseur. Elle sous-estimait le fait que sa survie dépendait de cette famille et qu’elle était paralysée par la peur. Ce qui lui interdisait de réagir.

Elle avait développé une structure psychorigide

Une autre femme m’a dit que ses parents l’avaient traitée avec indifférence. Ces derniers étaient comme des zombies, c’est-à-dire qu’ils n’étaient pas vraiment vivants ni vraiment morts. En fait, ils étaient psycho affectivement absents et la traitaient comme si elle était transparente. À l’âge adulte, cette femme avait développé un système défensif psychorigide qui l’empêchait d’être spontanée et d’établir un contact amical avec les autres. Elle se sentait seule.

 

Comme vous voyez, le manque d’empathie d’un parent est dévastateur.

 

Les enfants grandissent dans un environnement où ils sont traités avec hostilité, violence et indifférence glaciale. Ils ne reçoivent pas d’amour, ni de respect, ni d’attention. Par conséquent ses enfants n’atteignent pas leur autonomie psychoaffective. En revanche, ils vivent sous l’influence de différents « moi » provenant de leur histoire. Ils s’identifient au « moi accusateur » et au « moi accusé », au « moi critique » et au « moi jugé », au « moi persécuteur » et au « moi persécuté », au « moi supérieur » et au « moi complexé », etc. L’investigation de leur histoire et de leurs divers « moi », les permet de développer l’empathie envers soi et envers autrui.

Cinque pratiques essentielles pour développer son empathie

Il est essentiel de reconnaître la souffrance de votre « enfant intérieur ». L’enfant intérieur est l’aspect psycho-émotionnel de vous-même, qui est resté bloqué dans le passé. La raison en est, que l’enfant que vous étiez n’a pas été capable d’intégrer les événements douloureux qu’il traversait. En continuant à refouler « ses » émotions, vous êtes hypnotisé(e) par « lui ». Votre empathie grandira à mesure que vous lui accorderez votre attention et que vous écouterez son histoire. C’est ainsi que vous allez vous réveillez de votre « hypnose identitaire », du faux self que vous avez adopté dans l’enfance pour survivre. Dans le processus de déshypnose, la croyance que vous êtes à jamais victime de votre histoire sera démantelée. Pour que ce processus soit efficace, il est fondamental de devenir son propre guide et thérapeute, en étudiant la manière de procéder. Voici les pratiques principales que je vous propose pour développer votre empathie :

Première pratique : accepter le fait d’avoir souffert de manque d’empathie

 

Commencez par constater à quel point l’enfant que vous étiez a manqué d’amour, de respect, d’attention et de soins. Posez-vous cette question : « De quelle façon n’ai-je pas reçu d’amour, de respect et d’attention, ni d’empathie de la part de l’un de mes parents ou des deux ? » Écrivez vos souvenirs. Votre histoire doit être basée sur un vécu réel, comme le fait d’avoir eu un parent désengagé, critique, jugeant, voire violent, qui à la fois prenait soin de vous ou vous aimiez. Remarquez comment vous avez souffert d’un double renforcement : d’une part, le parent qui vous a blessé ne vous a pas montré d’empathie, et d’autre part, il vous a donné l’impression qu’il vous aimait et qu’il se souciait de vous. Il est fondamental de découvrir votre histoire et de l’accepter telle qu’elle est. Le but est de ressentir de l’empathie pour votre « enfant intérieur », car lorsqu’il se sent comprit par vous, son histoire cesse de vous blesser. C’est ainsi que vous commencez à développer de l’empathie. Si vous souffrez du trouble de stress post-traumatique (TSPT), consultez un professionnel. Vous pouvez lire mon article : Les effets traumatiques de l’abus narcissique.

Deuxième pratique : évoquez l’empathie reçue

 

Vous avez connu des moments où vous avez reçu de l’affection, de l’empathie, voire de la protection. Ce sont des moments où une personne s’est souciée de vous. Ces moments existent dans la vie de tout le monde. Si ces soins n’ont pas été soutenus, vous pourriez croire qu’ils n’étaient pas suffisants. Mais la bienveillance qui était présente au milieu de tout le reste, vous a effectivement aidé à surmonter l’abus subi. Pour commencer, rappelez-vous des personnes qui ont été attentionnées envers vous dans l’enfance. Cela a pu être votre grand-mère, votre grand-père, votre tante ou l’un de vos parents, un ami, votre frère, votre sœur ou un animal de compagnie, une professeure, un enseignant ou une voisine, etc. Respirez tout en évoquant les soins et la protection que vous avez reçus et ensuite remarquez ce que vous avez ressenti quand cette personne vous a donné son soutien.

Troisième pratique : identifier les « voix » hypnotiques provenant du passé

 

Pour faire le constat de votre Être authentique, vous avez besoin de cesser de croire que les messages hypnotiques, qui proviennent de vos parents, vous appartiennent. Si vous vous prenez pour le « personnage » mental provenant de votre histoire, votre esprit est agité. Ce « personnage » ou faux self est comme une hydre qui possède plusieurs têtes, chacune d’elles étant un « moi » particulier. Chaque « moi » a son propre besoin compulsif, sa propre quête de réparation et ses messages. La voix de chaque « moi » se déclenche en pilotage automatique, car l’enregistrement que l’enfant que vous étiez a fait des « voix » de ses parents, des éducateurs, des personnes qui l’ont hypnotisé par ses comportements, se répète constamment dans votre esprit à la façon d’un monologue. Ces messages mentaux font partie intégrante du faux self. Les têtes de l’Hydre de Lerne, de la mythologie grecque, représentent vos divers « moi » qui fonctionnent en binômes. Pour identifier les messages qui engourdissent votre esprit, noté quelques-uns dans un cahier d’introspection et en suite faites l’exercice proposé, si vous voulez :

Un « moi jugeant » dit au petit « moi jugé » : « Tu es incorrect ! » « Tu ne vaux rien ! » « Tu es incapable d’agir ! » « Tu es inadéquat ! » « Tu es nul ! » « Tu n’existes pas ! » « Tu mérites d’être tout seul ! » « Tu es incomplet ! » « Tu es impuissant et démuni ! » « Tu ne mérites pas d’être aimé ! »

Un « moi évaluateur » dit au petit « moi évalué » : « Comparé aux autres, tu n’es pas à la hauteur ». « Comparé à ton frère, tu n’es pas à la hauteur des attentes de tes parents ». « Comparée aux autres, tu n’as pas donné le meilleur de toi-même ».

Un « moi accusateur » dit au petit « moi inculpé » : « Tu es responsable ou coupable de ce qui t’arrive ! » « Comment as-tu pu faire ça ? Tu ne te pardonneras jamais ! » « C’est toi qui as choisi de faire cela ! Tu le regretteras pour le reste de ta vie ».

Un « surmoi écrasant » dit au petit « moi écrasé » : « Tu dois devenir ce que je veux que tu sois. » « Tu dois faire ceci, et cela ». « Tu ne dois pas faire ceci ou cela ». « Tu dois éviter de prendre des risques ». « Fais ce que je te dis de faire ». « Arrête de rêver ! ». « Évite d’être démasqué ». « Évite de ressentir ta souffrance, ne ressens rien ! ». « Ne te ridiculise pas. Baisse la tête ! »

Le « moi perfectionniste » dit au petit « moi corrigé » : « Tu n’arriveras jamais à faire les choses correctement ! » « Ne laisse pas ainsi les choses, essayez encore ! » « Mets-toi au travail. Tu dois réussir ! Tu dois prouver aux autres qui tu es ! »

Un « surmoi rêveur » dit au petit « moi démuni » : « Cherche un paradis ! » « Cherche le sens de ta vie ! » « Prouve aux autres à quel point tu es extraordinaire ! »

Un « moi contrôleur » dit au petit « moi contrôlé » : « Tu as mangé de trop, tu n’as aucune volonté ! » « Tu as vu encore trop de l’alcool. Tu ne te libéreras jamais de ça ! Que vont penser les autres de toi ? »

Un « juge battant » dit au petit « moi découragé » : « Que vas-tu faire aujourd’hui ? Hier tu n’as rien fait, tu n’es qu’un fainéant ! » « Tu es tellement incompétent, que tu ne peux rien accomplir ! Tu n’es qu’un imposteur ! »

Un « moi destructeur » dit au petit « moi anéanti » : « Tu ne mérites pas d’être ici ». « Tu n’aurais jamais dû naître ! » « Suicide-toi ! » « Tu n’as rien à faire ici ».

Exercice : ces exemples vous permettront d’écrire les messages hypnotiques qui se répètent dans votre esprit. Vous pouvez vous poser ces questions pour chacune d’elles : « D’où cette voix vient-elle ? » « À qui arrive cette pensée ? À moi ? Ou à l’enfant du passé ? » « Où est-elle localisée et quel effet a cette voix sur mon corps ? » « Comment me sentirais-je si j’arrêtais de m’identifier à elle ? »

Exemple : un « moi jugeant » dit au petit « moi jugé » : « Tu ne vaux rien ! »
Question : « D’où cette voix vient-elle ? » Réponse : elle vient de mon père qui me dévalorisait et me dénigrait.
Question : « À qui arrive cette pensée ? À moi ? Ou à l’enfant du passé ? » Réponse : ce jugement arrive au petit « moi jugé », à la petite fille du passé.
Question : « Où est-elle localisée et quel effet a cette voix sur mon corps ? » Réponse : le « moi jugeant » se trouve dans ma tête, mais la réaction du petit « moi jugé », se trouve dans mon ventre qui est contracté.
Question : « Comment me sentirais-je si j’arrêtais de m’identifier à cette « voix ? » Réponse : je pourrais me détacher enfin de mon père et mon ventre se relaxerait

Remarque importante : si vous vous identifiez encore aux messages provenant de vos parents, vous vivez inconsciemment dans un état de régression d’âge. Vous n’avez pas encore franchi l’étape de l’individuation et de la séparation. Le but de ce processus est de trouver votre pouvoir individuel, sans vous identifier ni aux « voix » parentales ni aux interprétations du « petit moi souffrant ». Lorsque vous laissez tomber toutes ces « voix », vous pouvez enfin écouter votre être authentique.

Quatrième pratique : apprenez à recevoir

 

Cherchez les occasions, de vous sentir protégé(e) ou de vous sentir pris en charge par quelqu’un, même si elles sont fugaces. Accueillez la personne amicale et attentionnée qui se soucie sincèrement de vous, peu importe le temps que ça dure. Cette personne est par exemple une voisine, un ami ou une amie, un père spirituel ou une mère spirituelle, etc. Sortez de votre coquille. Accueillez les gestes d’affection de l’être humain qui s’occupe de vous quand il est là. Prenez-le tel qu’il est. Laissez-vous envahir par le plaisir de recevoir sa bienveillance et son amitié.

Cinquième pratique : faire contact avec le « protecteur intérieur »

 

L’empathie se développe aussi par l’acceptation de votre besoin de protection. Si vous vous sentez gêné par votre désir d’être protégé(e), sachez que ce besoin fondamental est tout à fait normal. C’est un besoin enraciné dans l’évolution de l’humanité. Nos ancêtres, les hominidés et les êtres humains ont survécu tous grâce à la capacité de se protéger les uns aux autres. La protection est cruciale pour la survie.
Votre « protecteur intérieur » est votre être authentique qui est toujours présent. Comment entrer en contact avec lui ? D’abord, relaxez-vous et fermez les yeux. Faites contact avec le mouvement subtil de votre respiration, qui est comme une flûte à deux notes. Écoutez attentivement le son de l’inspiration et de l’expiration.

Remarquez le fait que vous êtes respiré et que la respiration est en soi la protection

Devenez conscient du fait que chaque partie de votre corps est respirée sans l’intervention de votre mental. L’Être qui vous respire est votre « protecteur intérieur ». En vous reposant sur lui, ressentez sa protection. Ressentez comme l’énergie vitale de votre respiration circule dans votre tête, dans votre visage, dans vos yeux, vos oreilles, votre bouche, votre langue, etc. Ensuite, ressentez l’énergie vitale qui circule dans votre cou, dans vos bras, dans vos mains, dans votre thorax, dans votre cœur, dans votre ventre, dans votre sexe. Remarquez l’énergie vitale qui circule tout au long de la colonne vertébrale, dans votre dos, vos fesses, vos jambes et vos pieds. Si possible, regardez la lumière de l’énergie vitale. Faites ceci chaque jour de votre vie.
Demandez à votre Être, qui est aussi votre guide intérieur, de vous faire sentir sa protection, son aide, son amour et son empathie. Vous pouvez lui demander de vous aider, de vous soutenir, de vous conseiller, de vous montrer les ressources dont vous disposez face à une situation particulière de votre vie. Peut-être que le lendemain, vous recevrez la réponse que vous cherchez. Remerciez le protecteur intérieur d’être là. Focalisez votre attention sur l’espace qui se trouve entre les deux notes de votre respiration. Entrez dans cet espace de méditation. Votre Nature Essentielle est méditation. Ressentez la joie simple d’être.

Sixième pratique : témoignez de l’empathie à votre « enfant intérieur »

 

Si vos parents manquaient d’empathie, votre enfant intérieur vit encore dans la souffrance. Il est important donc d’aller à sa rencontre et le témoigner votre empathie. D’abord respirez, laissez-vous sentir l’amour dans votre cœur. Ensuite remarquez vos divers « enfants intérieurs » provenant de chaque étape de votre vie : l’étape du bébé, l’étape narcissique enfantine et adolescente. Laissez-vous sentir de l’amour et de l’empathie pour l’un d’entre eux, et ensuite pour les autres. Si vous êtes en train d’écrire votre histoire, allez à la rencontre de vos émotions pour chaque étape de votre vie. Devenez la mère protectrice ou le père protecteur de votre « enfant intérieur ». Ressentez de l’amour et de la compassion pour ce petit enfant ou pour cette petite fille qui a besoin de vous, ainsi que pour la mère magicienne ou le père magicien que vous devenez pour lui. Quand vous ressentez de l’amour pour lui, dites-lui que vous ne le quitterez pas quoi qu’il arrive. Entrez dans le silence intérieur de votre respiration qui l’apaise. Dans cet espace, « l’enfant intérieur » trouve enfin son protecteur.

Septième pratique : faites des prises de conscience

 

Remarquez comment vous vous sentez sur le plan énergétique, corporel et émotionnel lorsque vous faites chacune de ces pratiques au quotidien. Vos prises de conscience vous permettront d’évoluer vers votre autonomie psychoaffective et émotionnelle, ainsi que de vous réveiller de votre « hypnose identitaire ». Elles vous permettront aussi de vous exprimer, de vivre dans l’amour et dans la joie simple d’Être. Le développement de votre empathie peut changer définitivement votre vie.

Conclusion

 

Le traumatisme n’est pas ce qui est arrivé. Le traumatisme est l’état hypnotique qui s’installe chez les victimes à la suite de l’abus narcissique subi dans l’enfance ou dans la vie adulte. Chacun peut se réveiller de son « hypnose identitaire » et évoluer vers son autonomie psychoaffective et émotionnelle, peu importe le type de traumatisme. La personne qui s’engage avec elle-même dans ce processus unique, développe la confiance en soi, l’estime personnelle et la conscience des aspects de son psychisme qu’elle ignorait. Au terme de ce processus, elle découvre la réalité immédiate sans être gênée par les souvenirs ou par l’introjection, ou par le « personnage » ou identité qu’elle avait cru être. Elle ressent alors la joie simple de son être authentique.

« Le cadeau le plus précieux que nous pouvons offrir aux autres est notre présence.
Lorsque notre esprit embrasse ceux que nous aimons,
ils s’épanouissent comme des fleurs. 
»
                                                                                                  Thich Nhât Hanh