La famille toxique est celle qui génère chez l’enfant la honte, la culpabilité et le doute de soi. Cette famille empêche les enfants de développer vers leur autonomie psychoaffective et émotionnelle.
La plus toxique de toutes, est la famille dans laquelle l’un de ses membres exerce une forme de contrôle et de pouvoir, en se comportant de manière humiliante et abusive. Lorsque cette personne manipule la famille, la régulation émotionnelle de chacun est perturbée et sa capacité à percevoir la réalité est déformée. Si vous ne savez pas poser vos limites, vous faites une introjection et une intériorisation de son abus. C’est ainsi que cette personne réussit à vous déstabiliser et à déformer la perception de vous-même.
Qu’est-ce que l’introjection ?
C’est l’intériorisation de la représentation que vous faites de la personne toxique et de son abus. Vous intériorisez sa voix, ses messages toxiques et ses comportements, en les faisant vôtres. En croyant que « ses » messages et « sa » voix sont « les vôtres », vous réagissez contre vous-même comme si un fantôme hantait votre esprit ! Tout simplement, vous êtes hypnotisé. Les voix mentales qui remplissent votre esprit ne font pas partie de votre identité. Mais si vous vous identifiez à elles, un « moi jugeant », provenant de cette personne, apparaît dans votre esprit. Vous donnez du pouvoir à ce « moi », en croyant qu’il est vous, ainsi qu’en croyant que vous êtes le « moi » qui est jugé. En réalité, vous n’êtes ni le « moi jugeant », ni le « moi jugé ». Mais par votre identification, vous adoptez un « personnage » que vous n’êtes pas.
Il est essentiel de comprendre les faits suivants :
- La personne toxique, qui vous hypnotise, réagit de façon totalement inconsciente. Elle ne fait que répéter les comportements transmis par sa famille d’origine. Ses comportements et/ou sa psychopathie, sont donc transgénérationnels.
- Par conséquent, elle réagit en fonction de son « hypnose identitaire », de ses croyances hypnotiques, des distorsions cognitives et des mécanismes défensifs provenant de l’enfance.
- En raison de sa structure psychique, elle n’a jamais remis en question le personnage qu’elle pense être. Elle est inconsciente de ses actes et ne peut donc pas reconnaître ses comportements.
- En réaction à des traumatismes émotionnels qu’elle porte depuis l’enfance, elle projette sur vous sa rage et ses insuffisances de manière inconsciente et mécanique. Elle fait cela en fonction de ses besoins compulsifs. Par exemple :
- Si son besoin compulsif est d’être crainte, elle va vous rabaisser, vous humilier, vous agresser verbalement et même physiquement. Bien que ces comportements ne soient que des mécanismes, ils vous blessent parce que vous les prenez à cœur.
- Si elle a un besoin compulsif d’exercer son contrôle, elle va vous ignorer, vous rejeter et invalider vos émotions. Elle va vous invalider complètement.
- Si elle ressent le besoin de se sentir supérieure, elle va vous juger et vous critiquer. Elle va utiliser un sens de l’humour mordant ou une honnêteté brutale. Elle va se moquer de vous. Elle va vous disqualifier devant les autres.
- Si son besoin compulsif est de rester le Maître du jeu, elle va transférer sur vous le parent qui l’a blessée. Elle va essayer de vous dominer. Par exemple, elle va avoir des exigences que vous ne pourriez jamais satisfaire et qui vous conduiront au sentiment d’échec.
- Si elle a le besoin compulsif de refouler ses émotions et de rester dans le déni, elle va vous faire sentir coupable de vos protestations. Elle va vous faire porter le blâme en vous disant que vous êtes mentalement malade et qu’elle est devenue votre victime !
Comme elle réagit en fonction de sa psychopathie ou de sa régression d’âge, on ne peut que s’attendre au pire ! Elle ne peut pas éviter de déployer ses stratégies de contrôle et de pouvoir. Vous ne pouvez pas espérer qu’elle vous donne de l’amour, du respect et d’attention. Si vous continuez à l’espérer, c’est que, comme elle, vous vivez dans un état régressif. Par conséquent, vous devenez incapable de répondre de manière adulte à ses manipulations. C’est ainsi que vous lui donnez le pouvoir de faire de vous sa victime.
Qu’est-ce que la régression d’âge ?
C’est un état hypnotique qui vous empêche d’agir comme un adulte accompli. Au lieu de cela, vous réagissez en fonction des besoins et des interprétations d’un enfant de 3 ans. Vous cherchez désespérément à être aimé par cette personne. Mais elle est incapable de vous aimer, parce qu’elle ne s’aime pas. Si vous régressez en âge en face de cette personne, vous souffrez beaucoup. Vous pouvez donc faire vos valises et partir ! En revanche, si, en raison de situations indépendantes de votre volonté, vous êtes contraint(e) de vivre avec elle, ou de lui rendre visite pendant les fêtes de fin d’année, vous pouvez utiliser les antidotes contre sa toxicité. Ce sont des outils pratiques qui vous permettent de vous défendre contre ses abus, tout en développant votre autonomie psychoaffective. La pratique de ces antidotes vous permettra d’élargir votre vision.
Le premier antidote consiste à vous aimer inconditionnellement.
Aimez-vous sur toute autre chose ! Si la personne toxique vous dénigre, ne croyez pas que vous êtes une mauvaise personne ! Devant ses attaques, répétez mentalement cette affirmation :
« Ma véritable nature ineffable, est l’accomplissement de tous mes élans ».
Pour intégrer ce fait, vous pouvez méditer pendant dix minutes. Dans un lieu où personne ne pourrait vous perturber, asseyez-vous en ressentant le poids de votre bassin. Détendez-vous sur le siège et posez vos pieds sur le sol. Puis, fermez les yeux. Pendant I0 minutes respirez profondément. Pendant l’inspiration, imaginez ou ressentez l’énergie vitale qui va du coccyx jusqu’à la tête. Puis, exhalez complètement, tout en visualisant l’énergie qui descend dans la partie frontale de votre corps, de la tête jusqu’aux organes génitaux. Faites des respirations circulaires sans vous arrêter. Ressentez comment l’énergie vitale se libère de chaque partie de votre corps.
Dans cet espace, constatez l’Être authentique que vous êtes réellement.
Ou bien, répétez l’affirmation : « Ma véritable nature ineffable, est l’accomplissement de tous mes élans ». En même temps, imaginez-vous à l’intérieur d’une sphère de lumière ou d’énergie. Si des émotions arrivent, accueillez-les comme vous accueillerez les émotions d’un petit enfant. Votre « enfant intérieur » est l’aspect de votre psychisme qui nécessite toute votre attention. Donnez-lui votre Présence et l’amour, le respect et l’attention dont il a besoin. Embrassez-lui et soyez sa mère ou son père. Il est fondamental de lui témoigner votre empathie. Vous pouvez lire ici l’article intitulé : Le pouvoir transformateur de notre empathie.
Le deuxième antidote est le lâcher-prise.
Arrêtez de vous approprier des comportements de la personne toxique. Remarquez que lorsqu’elle vous agresse, elle ne parle pas de vous. Elle parle de la représentation qu’elle se fait de vous. C’est-à-dire qu’elle parle à « l’objet mental » qui se trouve dans son esprit. Elle ne le fait pas à vous ! Sa toxicité est générée par la façon dont elle se perçoit inconsciemment. Elle devient donc mécanique et elle ne fait que projeter ses propres insuffisances sur vous ! Si vous vous sentez blessé par ses messages, allez à la rencontre bienveillante de votre « enfant intérieur ». Vous pourriez aussi pratiquer le pardon. Pour cela, vous pouvez utiliser les 4 phrases de réconciliation, provenant de la tradition de Hawaï, appelé : « Ho’oponopono ». Par exemple :
- (Prénom de la personne), je suis désolé, car j’ai intériorisé tes messages.
- Je te demande pardon, car j’ai une part de responsabilité dans cette interaction.
- Je te remercie, car grâce à toi, j’apprends beaucoup de choses sur moi-même.
- Je te pardonne et te libère maintenant de mon champ énergétique.
Le troisième antidote est la position d’indifférence et d’évitement.
Ne montrez jamais vos émotions à la personne toxique ! Il est important d’éviter sa façon de vous blesser. Elle va vous écraser devant les autres si vous exprimez vos émotions. N’avalez pas son appât ! Soyez légère et ignorez ses agressions, ses jugements et ses attitudes. Pour maintenir le calme, ne parlez que des choses inessentielles avec elle. Évitez les conflits sans vous écraser. Si elle vous agresse, éloignez-vous avec dignité pour prendre un peu l’air. Autrement, vous allez réagir d’une manière que vous regretterez le lendemain. Pour poser vos limites, parlez exclusivement de vos besoins fondamentaux. Exprimez-les avec une tonne de voix affirmée, et une attitude de politesse. Par exemple : « Excuse-moi, mais j’ai besoin de respect, et je veux me retirer pour un moment ».
Le quatrième antidote consiste à cesser d’être complaisant.
Si vous êtes la personne gentille, qui se suradapte à la personne toxique, cette attitude joue contre vous. Vous faites cela, peut-être parce que vous attendez un changement miraculeux. Ou bien, parce que cette personne vous a conditionné à croire que vous ne survivrez pas sans elle. Il est très important d’arrêter d’espérer quoi que ce soit d’elle. Cessez de croire que vous pouvez communiquer avec lui/elle, ou que vous pourriez la faire changer. Vous serez manipulé(e) et frustré(e), car elle est dans le déni de ses comportements et elle ne sera pas d’accord avec vous. Par contre, exprimez votre besoin fondamental de respect ! Si l’occasion se présente, quand il n’y a personne d’autre que vous et elle, posez-lui cette question en la regardant directement dans les yeux :
« En quoi est-ce important pour toi de me dire cela ? »
Par cette question vous la renvoyez à elle-même. Faites-le seulement quand vous avez besoin de poser vos limites. Mais faites attention ! À moins qu’il ne soit important d’écouter sa réponse, ne restez pas là à l’écouter. Immédiatement après avoir posé cette question, allez tranquillement dans une autre pièce ou faites une promenade et respirez. Laissez l’espace prendre en charge la situation.
Le cinquième antidote consiste à réaliser des activités plaisantes.
Si vous devez passer quelques jours avec la personne toxique, ou vivre avec elle pendant quelques semaines ou mois, un bon antidote consiste à faire quelque chose qui vous plaît tous les jours. Par exemple, vous pouvez lire, écrire, faire un puzzle, coudre, faire du jardinage, marcher, danser, etc. Choisissez des activités introspectives comme écouter de la musique, faire de yoga, pratiquer le Qi Gong ou méditer. Vous pouvez aussi vous relaxer en regardant un bon film. Ou bien, vous pouvez visiter vos amis ou des personnes avec qui vous souhaitez lancer un projet. Faites une liste de tout ce que vous désirez faire.
Le sixième antidote consiste à satisfaire vos besoins fondamentaux.
Faites une liste de tout ce dont vous avez vraiment besoin. Ensuite, commencez à réfléchir sur la manière de subvenir à vos besoins. Même si vous êtes en train de traverser la pire période de votre vie, sachez que tout est impermanent. Voyez cette période comme un cauchemar éphémère. Concentrez-vous sur le fait de traverser cette épreuve. L’un de vos besoins fondamentaux est d’évoluer et de vous réveiller de votre « hypnose identitaire ». Vous avez besoin de parler ce qui se passe dans votre vie, avec quelqu’un qui puisse vous écouter. Vous avez besoin d’identifier les croyances et les mécanismes qui vous limitent. Vous avez besoin d’apprendre à discerner le « faux du « vrai ». Si possible, consultez un coach ou un thérapeute qui va vous aider à restaurer votre dignité, votre estime personnelle et la confiance en vous-même, et qui va vous accompagner à vous réveiller de votre hypnose identitaire.
Le septième antidote est la connaissance du dysfonctionnement de votre famille.
Vous avez besoin d’identifier le type de famille dysfonctionnelle qui vous a conditionné. Elle a généré chez vous une vision limitée de vous-même. Vous avez besoin de démanteler la perception erronée que vous avez de vous-même. Pour cela, vous avez besoin de savoir à quel type de conditionnement vous avez été exposé. Dans les paragraphes suivants, vous trouverez une explication sur les différents types de familles. Trouvez la vôtre !
Pour commencer, il faut savoir que chaque famille dysfonctionnelle a ses propres caractéristiques. Mais il y a trois défaillances courantes qui leur sont communes.
La première défaillance est le manque de communication.
Il est très rare qu’une famille crée des espaces privilégiés pour écouter chaque membre de la famille et parler de son ressenti. Dans les familles dysfonctionnelles, personne ne parle de ce qui se passe. La règle dominante est que les sujets significatifs ne sont jamais adressés. Par conséquent, deux types d’interaction se produisent : la pseudo-conflictualité et la pseudo-mutualité.
Ces deux notions proviennent du psychiatre américain Lyman C. Wynne (1923-2007). Lui et ses collègues, ont examiné la relation entre le dysfonctionnement familial et le développement de la schizophrénie. Ils ont étudié les dynamiques familiales pour trouver des solutions en rapport avec la construction de l’identité. Ils ont examiné ces questions : « Comment respecter notre identité lorsque nous entrons en relation avec d’autres personnes ? ». « Comment maintenir son individualité unique, même en s’intégrant à la communauté ? ». « Comment affirmer son autonomie et sa complétude identitaire sans se laisser porter par les hypnoses sociales et collectives ? »
Ils ont observé que les habitudes et les narratives inconscientes, entretenues par les familles dysfonctionnelles, génèrent des comportements fixes. C’est pourquoi, toute remise en question de ces habitudes et narratives, est considérée comme un danger. Elles ne doivent jamais être discutées. Si vous vous les questionnez, vous êtes puni !
Dans les interactions basées sur la pseudo-conflictualité, les membres de la famille se disputent constamment. Ces conflits montrent qu’il y a un certain degré d’investissement émotionnel, car par ses discussions, ils essayent de résoudre leurs malentendus. Mais souvent, les débats se construisent autour des sujets triviaux. Ce sont simplement des jeux mentaux ou des jeux de pouvoir, utilisés pour éviter les thèmes significatifs qui produisent des émotions et des sentiments chez chaque membre de la famille. Évidemment les thèmes inabordables, ce sont les habitudes et les narratives de la famille.
Dans les interactions basées sur la pseudo-mutualité, les membres de la famille se conduisent impeccablement. Chacun semble s’aimer inconditionnellement et les conversions se déroulent sans heurts. Si bien il n’y a pas de désagréments, ni de conflits, il n’y a pas non plus de véritable intimité. Dans ces familles, les enfants apprennent à devenir les rouages d’une grande machine à laquelle ils doivent se conformer. Cela est une agression passive. La règle est de maintenir la pseudo-harmonie et de ne jamais parler des sujets qui fâchent. Et les sujets qui fâchent, sont précisément les habitudes et les narratives inconscientes entretenues par chaque membre de la famille. Personne ne parle des deux prochaines défaillances communes à tout type de famille dysfonctionnelle.
La deuxième défaillance est l’ignorance du dysfonctionnement de la famille.
La toxicité de la famille n’est jamais identifiée, ni dénoncée. Personne ne parle de l’état hypnotique ou du conditionnement généré par les règles non discutées de la famille. Personne ne voit pas à quel point le leader de la famille « modèle » la psychologie de chacun par « l’éducation ». Cette éducation n’est qu’un conditionnement qui empêche les enfants de s’individualiser, de se différencier et de se séparer des parents. Aucun membre ne parle de son besoin légitime d’évoluer vers son autonomie psycho affective et émotionnelle. Personne ne parle de son anxiété, ni de sa honte toxique générée par le dysfonctionnement familial. Personne n’ose signaler les défauts de la famille pour essayer de les corriger. Les membres de la famille n’osent pas parler de tous ces sujets qui sont devenus tabou. Cela serait un challenge qu’ils n’osent pas affronter. Ils n’osent pas exprimer leurs besoins fondamentaux. Dans ce contexte, les enfants sont dépersonnalisés pour maintenir une pseudo-stabilité et une réalité subjective aliénante. Il n’est pas surprenant que dans leur adolescence et dans leur vie d’adultes, ils deviennent alcooliques, dépendants de drogues ou qu’ils souffrent de dépression ou d’un trouble de la personnalité.
La troisième défaillance est l’établissement de rôles fixes hypnotiques.
Les adultes attribuent aux enfants des rôles fixes. Ces rôles contribuent à hypnotiser les autres membres de la famille en les faisant croire qu’un rôle est meilleur qu’une autre. Les rôles sont par exemple : le « sauveur » de la famille. Le « bouc émissaire » de la famille. Le « pilier qui contrôle la famille ». Le « papa » ou la « maman » de l’un des parents. L’ « invincible » de la famille. Le « médiateur » de la famille. Le « partenaire romantique » de papa ou de maman. Ce sont des attributions qui bénéficient aux adultes et peut-être à d’autres membres de la famille. Mais ils ne bénéficient pas à l’enfant qui les reçoit ! Tous ses rôles produisent des perturbations psychologiques très graves chez les enfants. Pour ne pas prolonger cet article, vous pouvez lire par exemple les effets traumatiques générés par le rôle de partenaire romantique de papa.
Voici une brève description de différentes dynamiques dysfonctionnelles :
- Le système familial patriarcal et autoritaire.
- Le système familial rigide.
- Le système familial chaotique et/ou laxiste.
- Le système familial corrompu ou dévoyé.
- Le système familial absent.
- Le système familial où un des parents est narcissique.
1. Le système familial patriarcal et autoritaire
Dans un système autoritaire, un membre exerce un pouvoir dominant sur le reste de la famille. C’est un patriarche ou une matriarche, qui commande et décide tout pour tous. Cette personne se positionne comme étant supérieure aux autres membres de la famille et elle impose des règles nuisibles et « non discutables ». Les voici :
- L’obéissance aveugle.
- La répression des émotions hormis la peur.
- La répression de toute idée opposée à celles du patriarche.
- La destruction de la volonté individuelle.
L’obéissance aveugle.
Dans un système familial patriarcal, les enfants et le conjoint doivent obéir, peu importe le type de commandement et la manière dont ces commandements sont exprimés. L’obéissance est considérée comme « vertueuse ». C’est l’un des concepts dérivé de la notion de « bien » et de « mal ». La « vertu » est positionnée du côté du « bien ». Cela justifie les attitudes du patriarche qui exerce une pression psychologique par laquelle il/elle obtient la soumission totale de ses sujets.
La répression de la colère.
Le patriarche réprime la colère de ses sujets de façon tranchante. Même s’ils l’expriment par une protestation ou une objection, leur colère est invalidée. Par exemple, le patriarche vous dirait sans aucune explication : « Tais-toi et fais ce que je te dis ! ». Ou bien il dira : « C’est moi qui commande ici ! ». Mais cela n’est rien comparé à toutes les stratégies psychologiques qu’il utilise pour préserver son pouvoir. Il utilise la pression, la violence, l’humiliation, le dénigrement et les châtiments, ainsi que la séduction et la persuasion par la culpabilisation, etc. Les enfants apprennent à supprimer leur colère légitime. Par contre, ils ressentent une anxiété intense, ainsi que de la peur, de la tristesse, de la honte et de la culpabilité. Dans ce contexte, auquel ils doivent se conformer, ils ne peuvent pas s’individualiser, ni ne peuvent reconnaître leur identité !
La répression de toute idée opposée à celles du patriarche.
Le patriarche adopte la position d’un « gourou » savant, surtout s’il est un narcissique paranoïaque. Il produit une panique au sein de la famille, et il écrase leur capacité de discerner le « vrai » du « faux ». Par contre, il impose les concepts du « bien » et de « mal ». Il isole ainsi son « troupeau » du monde extérieur. Il impose ses points de vue afin de mieux « protéger » la famille des menaces imminentes et des intentions hostiles. Son contrôle est basé sur l’ambiguïté, l’imprévisibilité, l’imprécision et l’abus ambiant. Ses caprices toujours changeants définissent le souhaitable et l’indésirable, ce qui doit être poursuivi et ce qui doit être évité. Lui seul détermine les droits et les obligations de sa famille.
La destruction de la volonté individuelle
Le patriarche contrôle les autres en faisant d’eux des zombies. Bien sûr, il lui est facile d’imposer son pouvoir si les membres de la famille ne sont pas autorisés à parler ou à exprimer leurs opinions. En utilisant la vieille stratégie de la peur pour obtenir ce qu’il/elle veut, il/elle infantilise ses sujets. Ils ne seront pas en mesure de développer leurs capacités de réflexion, ni d’apprendre à utiliser leur intelligence émotionnelle. Ils perdront leur capacité à s’affirmer, à se défendre ou à lutter pour leurs droits.
Les conséquences sont dévastatrices pour toute la famille.
Dépourvus du pouvoir émotionnel adulte, ces êtres humains restent dépendants du patriarche. Les enfants vivent dans une terreur chronique et une anxiété infernale. Ils se sentent menacés. Ils sont incapables de s’individualiser et de se séparer psychologiquement du patriarche. Leur ego reste inachevé, car ils ne peuvent pas se différencier. Ils deviennent dépendants et adaptés parce qu’ils doivent renier leurs émotions et leurs sentiments, comme s’ils étaient esclaves. Ils grandissent sans pouvoir discerner ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas. Ils ne reconnaissent pas leurs besoins fondamentaux, ni ne peuvent poser leurs limites. Par conséquent, ils n’ont aucune autre possibilité que de se soumettre ou de se révolter. Ces deux positions alternent lorsqu’on souffre de ce type de mystification familiale. Ils développent une psychopathie. Si vous avez été victime du patriarcat, et que vous n’avez rien questionné, peut-être que vous êtes psychologiquement bloqué. Si vous expérimentez des états alternant entre la « soumission » et la « révolte », c’est que vous vivez en fonction de l’un de vos parents. Vous n’avez pas encore incarné votre pouvoir émotionnel, ni votre autonomie d’adulte.
2. Le système familial rigide
Dans la famille rigide, les règles dominantes sont le perfectionnisme, le contrôle et le blâme, le pouvoir d’une autorité fondée sur des règles communes. Dans cette configuration, un membre de la famille donne le bon exemple et la « bonne éducation ». Il impose ses propres points de vue et des règles non discutables. Les autres membres de la famille sont obligés de s’y adapter. C’est le type de famille où se pratique la pseudo-mutualité.
- L’attention est focalisée principalement sur le bon fonctionnement, la bonne éducation, les obligations et la propreté.
- La mystification ou conditionnement concernant l’amour est : « L’amour est un devoir, l’amour est obligatoire, l’amour est de l’autosacrifice ».
- Les repères psychoaffectifs sont rigides à l’intérieur du foyer.
- Les demandes implicites sont : « Fais plus d’efforts», « Ne ressens rien ».
Lorsque l’amour est un devoir, l’enfant doit faire face à la contradiction entre être forcé à aimer et ne rien ressentir ! Être forcé à aimer ou même temps qu’il est empêché de ressentir ce qu’il ressent, est une agression passive. C’est une imposition que l’enfant doit accepter et qui l’empêche d’être authentique. Ces règles implicites, créent un espace hallucinatoire, où l’enfant erre en désespoir, en terreur et en incompréhension. Il ne peut pas sortir de cet espace, car il n’y a aucun adulte pour lui donner la main. Ces règles incompréhensibles, l’empêchent de s’individualiser et de se séparer de ses parents à niveau psychique. Il s’accroche de façon fantasmatique à sa famille. Il développe ainsi une anxiété chronique qu’il ne peut pas expliquer, car ses parents agissent comme s’ils sont impeccables et très aimants. Il développe la peur d’être puni et d’être exclu si jamais il ne se conduit selon les normes narcissiques imposées. Dans ce contexte aucun enfant ne peut reconnaître son être authentique, car la perception de soi est complètement déformée. Progressivement, il se cantonne dans une fausse identité, qui deviendra son hypnose identitaire.
3. Le système familial chaotique ou laxiste
Dans le système familial chaotique, les parents, fixés dans l’une des étapes de croissance infantile, sont eux-mêmes comme des « petits enfants ». Ces parents immatures demandent implicitement à leurs enfants de « soigner » leur manque d’amour, leur vide existentiel ou leur vide psychoaffectif. Ils leurs demandent également de soigner leur peur et leur anxiété. Pour cette raison, dans cette famille se pratique aussi la pseudo-mutualité, mais d’une autre façon.
- L’attention est focalisée sur la surprotection des enfants.
- La règle dominante dans ces familles est « l’inconsistance » des règles.
- Le repère psychoaffectif est l’enchevêtrement.
- La mystification de l’amour est : « Je t’aime plus que moi », « Je prends soin de toi », « Ma vie t’est dédiée ». Ce qui du point de vue psychologique est faux.
Dans ce contexte, le laisser-faire est déguisé en principe libéral, mais en fait les parents ne savent pas comment prendre leur place. Ils ne savent pas installer de règles saines ou de frontières psychoaffectives claires. Les enfants manquent de repères et de rituels sains. Il se peut qu’il n’y ait ni unité familiale, ni liens psychoaffectifs clairs. Dans ce cas-là, l’enfant adopte aussi deux positions :
- Il se sent supérieur à ses parents et devient le tyran qui impose ses propres règles.
- Ou bien, il se soumet à l’utilisation de ses parents et devient leur petite maman ou leur petit papa.
Les enfants testent les frontières de leurs parents en leur imposant leurs propres règles. En l’absence de repères émerge le « syndrome des deux clans ». Les parents et les enfants s’affrontent dans une bataille où les enfants gagnent et deviennent des tyrans. C’est terrible parce que ces enfants ne dépassent pas la deuxième étape de leur développement et par manque de repères chez eux, ils transgressent constamment à l’école les frontières des autres. Cet état de fait engendre chez les professeurs un stress chronique. Plus tard, à partir de l’adolescence, ces enfants sont incapables de s’adapter à des règles communes. Ils peuvent devenir des vagabonds, des drogués, des êtres abattus ou dépressifs incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
4. Le système familial corrompu ou dévoyé
Dans le système familial dévoyé, on trouve de la violence, de la cruauté, de l’abus sexuel, de la négligence extrême, l’imposition de règles arbitraires, du chantage, des doubles messages et le déni de tout ce qui se passe.
- L’attention se focalise sur la pathologie de l’un des parents et les enfants ne reçoivent pas aucune attention psychoaffective.
- La règle fondamentale est une domination désorganisée, sans repères, exercée par quelqu’un souffrant d’une psychopathie ou d’une dépendance à l’alcool ou aux drogues.
- La mystification de l’amour est : « J’ai tous les droits sur toi ».
- Le « repère » psychoaffectif est abusif : c’est l’utilisation de l’autre, la négation de ses besoins, la négligence extrême et les punitions arbitraires.
Dans ce système familial, l’un de parents est alcoolique, drogué ou mentalement malade. Cela génère des barrages énormes concernant la communication. Le non-dit et le manque de vérité sont la règle. L’enfant est rejeté, ignoré, traité comme une chose ou comment un chien abandonné. Il se sent incorrect, inexistant, dévalorisé, inadéquat, etc.
L’enfant a besoin d’amour, de respect de ses limites psychoaffectives, d’attention pour ses besoins fondamentaux, de communication, d’être vu pour ce qu’il est. Mais dans ce type de famille, ses besoins ne sont pas respectés. Souvent, l’enfant doit survivre à toutes sortes d’abus, y compris des abus sexuels. Dans ce climat malsain, l’enfant se dissocie pour survivre ou il se suradapte à cette situation insoutenable, car sa honte toxique est énorme et il doit la refouler. Ce type de « chosification » empêche l’enfant d’évoluer vers une autonomie adulte, de sentir son intériorité profonde. Il reste infantile ou il ne dépasse pas l’âge de l’adolescence.
Si la famille vit dans la pauvreté, l’ambiance peut être délétère. Bien entendu, les enfants issus de ce type de famille ont des problèmes de concentration à l’école. Ils apprennent à voler, à mentir, à agresser, à tricher, etc. Ils font bonne figure face à la gravité de leur situation. De plus, ils apprennent à transformer les effets de la négligence en quelque chose de trivial. Ils en concluent qu’il est préférable de survivre dans cet environnement que de risquer de mourir de faim.
5. Le système familial absent ou indifférent.
Dans ce type de famille, l’un de parents ou les deux sont absents. Ce soit parce qu’ils sont malades, déprimés, ou simplement trop occupés, les enfants sont confiés aux grands-parents ou à d’autres membres de leur famille. De nombreux enfants sont définitivement abandonnés et envoyés quelque part pour être adoptés. Ces enfants souffriront toute leur vie d’un sentiment intime de solitude et/ou de manque d’amour.
6. Le système familial où un parent est narcissique
Ces familles présentent une façade d’harmonie (pseudo-mutualité) ou de disharmonie (pseudo-hostilité). Dans les deux cas, les membres de la famille ne sont pas autorisés à se séparer et à s’individualiser de leur parent narcissique. En fait, ils sont soumis à un pouvoir asymétrique digne d’un culte. Si vous avez eu un parent narcissique, il a été probablement extrêmement toxique. Par conséquent, vous souffrez du stress post-traumatique. Dans ce cas-là, vous devez connaître vos symptômes. La bonne nouvelle est que vous pouvez sortir de ce traumatisme.
Dans les 5 familles dysfonctionnelles que vous venez de lire, il se peut que l’un des parents soit narcissique. Dans ce cas là, les enfants se conforment instinctivement aux contenus mentaux de ce parent pour pouvoir survivre. Comme les narcissiques se sentent supérieurs, omniscients et tout-puissants, ils imposent leur propre « éducation ». À cause de leur identité d’absence et de leur manque d’empathie, ils ne comprennent pas les besoins légitimes de leurs enfants. En plus, si l’autre parent souffre du syndrome de Stockholm ou du trouble de stress post-traumatique, les enfants seront négligés par les deux parents. Ces parents créent un environnement insécurisant et toxique, qui empêche leurs enfants d’évoluer vers leur autonomie psychoaffective et émotionnelle.
Nombreux narcissiques font de leurs enfants l’extension de leur identité
Par conséquent ils ne développent pas un ego solide. Quelle que soit leur typologie, ils instrumentalisent leurs enfants. Par exemple, les narcissiques cérébraux sont à tel point absents émotionnellement, qu’inconsciemment ils ignorent les besoins psychoaffectifs de leurs enfants et les utilisent pour prouver qu’ils sont très spéciaux et omniscients. Ils accablent ainsi leurs enfants qui apprennent à refouler leurs émotions et à utiliser leur intellect, la rationalisation et leurs connaissances pour essayer d’être vus et de se faire aimer par ce parent éternellement absent. En plus d’agir à partir de leur identité d’absence, beaucoup de narcissiques abandonnent factuellement leurs enfants. Ces enfants ont leur « cœur brisé ». Dans leur vie adulte, ils souffrent d’un sentiment de perte, d’une certitude de manquer d’amour et d’un besoin de fusion, accompagné de la crainte d’être abandonnés.
D’autres narcissiques terrorisent leurs enfants
Les narcissiques ouvertement antagonistes ou les paranoïaques, terrorisent leurs enfants et leur imposent une autorité arbitraire, où le contrôle par l’agressivité, le dénigrement et la violence est quotidien. De plus, ils incluent leurs enfants dans leur fantasme vindicatif contre l’autre parent. Ces derniers apprennent à dévaloriser ce parent.
Les narcissiques prédateurs abusent sexuellement de leurs enfants
Les effets sont que les lieux, les sons, les odeurs, les circonstances, les objets, les dates… s’impriment dans les enfants qui sont traumatisés par cette expérience génératrice de honte toxique. Ce type de narcissique menace l’enfant pour qu’il garde le silence, ou le convainc de ne rien dire, sous prétexte que cela blessera la mère et détruira la famille. Cela produit un sentiment de culpabilité chez l’enfant.
Les narcissiques paranoïaques deviennent le « gourou » de la famille
Ils font de leurs enfants leurs « disciples ». À propos des parents narcissiques qui jouent le rôle de gourou, le professeur Sam Vaknin, expert international en trouble de la personnalité narcissique, affirme :
« La psychose partagée implique l’isolement physique et émotionnel du narcissique et de son « troupeau », du conjoint et des enfants, qu’il coupe du monde extérieur, afin de mieux les protéger des menaces imminentes et des intentions hostiles. Le contrôle du narcissique se manifeste par l’ambiguïté, l’imprévisibilité, l’imprécision et l’abus ambiant. Ses caprices, toujours changeants, définissent le bien et le mal, le souhaitable et l’indésirable, ce qui doit être poursuivi et ce qui doit être évité. Lui seul détermine les droits et les obligations de ses « disciples », et les modifie à volonté. »
Les parents narcissiques produisent les effets suivants sur leurs enfants :
- Ils les font douter d’eux-mêmes au point de créer chez eux une insécurité existentielle profonde, voire un doute ontologique. [Du mot grec Ontos, qui signifie être.] Ce doute va être compensé plus tard par un « faux self».
- Les narcissiques trahissent la confiance que leurs enfants déposent en eux.
- Ils les obligent à se conformer aux contenus de leur mental. Ils les obligent à prévoir leurs humeurs et à avoir peur de leurs réactions.
- Ils les obligent à garder le silence à propos de leur abus, au point que les enfants apprennent à nier cet abus, et à nier leurs propres émotions légitimes.
- Ils les amènent à se suradapter à leurs demandes irréalistes et à ignorer leurs propres besoins en faveur des leurs.
- Ils enseignent à leurs enfants à les suridéaliser, en leur faisant croire qu’ils sont des parents omniscients, tout-puissants, spéciaux et extraordinaires.
- Ils les poussent à simuler leurs émotions, à les enrober intellectuellement et à les refouler complètement, au point qu’ils perdent leur confiance en eux-mêmes et l’estime de soi.
- Ils font d’eux l’extension de leur identité, au point que beaucoup de ces enfants survivent avec un ego fragile, deviennent également narcissiques, dépendants, ou ils souffrent du trouble de la personnalité limite ou d’autres névroses.
- Ils génèrent chez les enfants un stress post-traumatique chronique, voire un trouble de stress post-traumatique (TSPT) selon le degré de l’abus. Lisez ici l’article intitulé : Les effets traumatiques de l’abus narcissique.
L’importance d’identifier le système familial qui vous a conditionné
Dans chacune de ses familles, vous trouverez des parents qui souffrent d’un type de névrose ou d’une psychopathie. Si vous découvrez le type de famille qui vous a conditionné, vous pouvez arrêter la transmission transgénérationnelle. Vous pouvez entamer un processus d’introspection qui vous permettra de remettre en question votre conditionnement et de vous libérer des croyances hypnotiques limitantes, que vous entretenez inconsciemment sur vous-même et sur le monde.
Sachez que, quel que soit le type de famille dont vous êtes issu, la présence ou l’absence du « personnage » adopté par votre vécu, n’ajoute rien, ni n’enlève rien à l’Être authentique que vous êtes vraiment. Vous pouvez vous réveiller de votre hypnose identitaire et évoluer complètement vers votre autonomie psychoaffective et vers votre intelligence émotionnelle d’adulte.